Vendredi 17 février 2017. Sur la scène de l’auditorium de l’Institut du monde arabe: le compositeur, chanteur et oudiste palestinien Tamer Abu Ghazaleh. Le fer de lance de l'avant-garde musicale arabe a entraîné les spectateurs dans son inclassable univers mélodique. Un monde sonore déjanté entre rock et électro, dentelé de oud et charpenté de textes qui montrent les dents.
Né au Caire en 1986 dans une famille palestinienne en exil, Tamer Abu Ghazaleh est précoce : il commence à composer à l’âge de neuf ans! Alors qu’il en a douze, retour de la famille en Palestine. Il y est admis au Conservatoire national de musique de Ramallah (futur conservatoire Edward-Saïd). Sous la houlette du maestro Khaled Jubran, il étudie le oud, la composition, l’arrangement. Avant de faire le tour de l’Europe et du monde arabe en passant notamment par Paris, Tunis et Manchester.
En 2007, Tamer Abu Ghazaleh fonde la plateforme Eka 3, véritable incubateur de talents pour le marché de la musique arabe En 2011, il sort l’album As Blue as the Rivers of Amman avec le soutien d’un autre artiste qui penche plutôt côté rock, Yacoub Abu Ghosh. En 2012, il crée l’Alif Ensemble avec (entre autres) Khyam Allami et Maurice Louca. S’ensuit une longue et intense période de travail. Avant qu’il ne reparaisse, en 2016, avec un troisième album, Thulth. Sur fond politique, les thèmes de la consommation et du tourisme y sont notamment abordés au travers de ses titres “Hob” et “Khabar”. Plus généralement, l’artiste souligne qu’il a voulu y rassembler des compositions qui correspondent à quelque dix ans de son parcours (cf. l’entretien accordé au Monde en octobre 2016). Dernièrement, à l’occasion de son concert parisien, Libération lui tire le portrait.
Vendredi 17 février 2017. L’auditorium de l’IMA est presque comble, empli d’une foule éclectique – Tamer Abu Ghazaleh fédère toutes les générations – ponctuée çà et là de l’emblématique keffieh.
20 h. Le quart d’heure réglementaire est octroyé aux spectateurs retardataires. L’artiste en profite pour peaufiner sa mise en place. Concentration, balance. Puis, avant même qu’il ne présente les membres de son band – basse, batterie, piano –, les premiers applaudissements jaillissent. Le voici qui s’adresse à ses musiciens, en anglais. Complicité bon enfant. “How are you?”, “Well !”, “Well is good !”… Gros succès auprès des plus jeunes.
Le public francophone serait-il dépaysé ? Un court moment, les applaudissements s'éteignent. Avant que tous se laissent emporter par l’électro-rock entrelacé de mélismes de Tabu Abu Ghazaleh, les yeux aimantés par le chanteur et ses comparses (lesquels n’oublient pas de décocher leurs plus beaux sourires à l’objectif lorsque passe le photographe !). Des musiciens parés d’atours changeants, prismes de lumière et de couleur qui fusent au gré des mélodies. Les morceaux s’enchaînent, pour la plupart marqués au coin de l’humour. Dans “Takhabot” se glisse même le thème de la Panthère rose !
On applaudit encore et encore, bras levés, jusqu’au bis final. Tous conquis!
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