C’est un jeune doctorant à la Sorbonne en art et science de l’art qui demande à rencontrer les apiculteurs du rucher de l’Institut du monde arabe. Motif de sa démarche : des ruches ont été installées dans de nombreux centres culturels, à l’Opéra de Paris par exemple, mais l’IMA est le seul à intégrer le monde des abeilles dans sa programmation.

Ce sont des chercheurs sur la vie et la santé des abeilles, venus échanger et visiter le rucher de l’IMA, intrigués par le fait qu’aucun frelon asiatique ne vienne l’attaquer, contrairement à tous les autres ruchers de Paris et d’Île-de-France.

Ce sont des apiculteurs venus découvrir un site exemplaire, bénéficiant des innovations techniques mises au point par l’École d’apiculture urbaine dans le cadre d’un élevage raisonné. Car l’apiculture, telle qu’elle est pratiquée à l’IMA, vise, non la production de miel à outrance mais le bien-être des abeilles.

Sept ans après son installation dans le patio du musée, le rucher de l’IMA a donc gagné sa réputation. Nombreux sont les amoureux des abeilles à venir le visiter aux beaux jours, et même à s’en approcher, revêtu d’une tenue d’apiculteur, et à assister aux conférences programmées chaque mois par l’IMA et l’École d’apiculture urbaine sur le monde des abeilles. Au fil d’un cycle annuel sont évoqués tant le rôle primordial de la pollinisation et de la préservation de la biodiversité que la relation entre les abeilles et les hommes.

Le frelon asiatique

Apparu en France en 2004, dans le Sud-Ouest – il a été introduit avec des poteries importées de Chine par un horticulteur du Lot-et-Garonne –, le frelon asiatique s’est répandu depuis dans toute l’Europe, Angleterre comprise.
Cette espèce invasive est un véritable fléau pour les abeilles, et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Malgré le piégeage intensif développé par les apiculteurs, les nids de frelons asiatiques sont de plus en plus nombreux, et contraignent un nombre croissant d’apiculteurs, confrontés à la destruction ou à l’affaiblissement de leurs colonies d’abeilles, à abandonner le métier. En 2023, pour la seule Île-de-France, près de 4300 nids de frelons ont été détruits (550 en 2017), et à Paris intra-muros, 258 (6 en 2017). Un chiffre qu’il faudrait vraisemblablement multiplier par 3 pour prendre en compte les nids non détruits. Or, les abeilles du rucher de l’IMA sont à l’abri de ce carnivore vorace qui, on n’a pas encore découvert pourquoi, ne pénètre pas dans l’espace réservé aux ruches…