Le Prix de la littérature arabe 2019, créé par l’Institut du monde arabe et la Fondation Jean-Luc Lagardère, est décerné à Mohammed Abdelnabi pour son roman La Chambre de l’araignée (Actes Sud / Sindbad) traduit de l’arabe (Égypte) par Gilles Gauthier.
Le jury –présidé par Pierre Leroy, cogérant de Lagardère SCA –, a élu, à l’unanimité, le texte de Mohammed Abdelnabi, saluant « un écrivain audacieux au style affirmé et percutant qui fait plonger le lecteur au coeur des tabous de la société égyptienne et arabe. Un roman qui se veut une ode à la tolérance et à l’humanisme. »
A l’occasion de la cérémonie de remise du prix, le 6 novembre 2019 à l’IMA, Jack Lang, Président de l’Institut, a rappelé le caractère unique du Prix et son rôle essentiel en tant que « caisse de résonnance pour les écrivains qui témoignent de l’extraordinaire vitalité de la littérature contemporaine arabe ».
Pour Pierre Leroy, Président du Jury du Prix : « Transformant un événement précis en un vibrant plaidoyer pour la tolérance, Mohammed Abdelnabi accomplit ce qui peut être l’une des raisons de la littérature : porter un message politique dans l’espoir de faire évoluer la société ».
La chambre de l'araignée
La chambre de l'araignée
Gregorian Bahl
Né en 1977, Mohammed Abdelnabi a fait des études de langue anglaise à l’université d’Al-Azhar, au Caire. Il est traducteur-interprète et anime un atelier d’écriture. Son second roman, La Chambre de l’araignée, a été retenu en 2016 sur la short list de l’International Prize for Arabic Fiction. Mohammed Abdelnabi compte incontestablement parmi les Égyptiens les plus brillants de sa génération.
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En mai 2001, dans un bar flottant sur le Nil, le Queen Boat, la police égyptienne arrêta cinquante-deux homosexuels qui seront inculpés d’outrage aux bonnes moeurs et d’hérésie. Hani Mahfouz fut incarcéré le jour même de la rafle alors qu’il se promenait en compagnie de son ami Abdelaziz. Il passa en prison plusieurs mois d’incessantes humiliations et en sortit brisé, physiquement et moralement, et ayant perdu la parole. Reclus dans une petite chambre d’hôtel, où seule une araignée comblait sa solitude, il entreprit de consigner son histoire depuis son enfance, la croisant avec celles de ses compagnons d’infortune durant son arrestation, tous victimes de l’incompréhension de leurs proches et d’un rejet social quasi unanime… Le grand mérite de La Chambre de l’araignée n’est pas seulement d’explorer en profondeur, et pour la première fois, la condition homosexuelle en Égypte, mais aussi de le faire dans une langue toute en retenue, en évitant les clichés et les anachronismes.
Mohammed Abdelnabi sera l’invité d’honneur d’une rencontre littéraire spéciale à l’Institut du monde arabe, le samedi 9 novembre de 16h30 à 17h30, pour échanger avec le public.
Créé en 2013 par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Fondation Jean-Luc Lagardère, ce prix est la seule récompense française distinguant la création littéraire arabe. Elle promeut l’oeuvre d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français. Valoriser et diffuser en France la littérature arabe en plein temps fort de la rentrée littéraire, telle est la volonté des fondateurs de ce prix, qui s’inscrit également dans le travail de fond mené par l’IMA, plus largement, sur ce sujet, avec notamment ses Rencontres littéraires et sa Nuit de la poésie.
Les membres du jury ont souligné la remarquable qualité des livres également retenus dans la dernière sélection de cette édition 2019 : Les petits de Décembre, de Kaouther Adimi (Éditions du Seuil) ; Ougarit, de Camille Ammoun (éditions incultes) ; Le Ciel sous nos pas, de Leïla Bahsaïn (Albin Michel) ; Égypte 51, de Yasmine Khlat (Elyzad) ; Port-au-Prince Aller-Retour, de Georgia Makhlouf (La Cheminante) ; Ceux qui ont peur (traduit de l’arabe par François Zabbal), de Dima Wannous (Gallimard).
Président : Pierre Leroy, cogérant de Lagardère SCA et administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère ; Nada Al Hassan, spécialiste du patrimoine culturel ; Mahi Binebine, peintre et écrivain, lauréat du prix du Roman arabe en 2010 ; Mustapha Bouhayati, directeur de la Fondation Luma à Arles; Marie-Laure Delorme, chef de la rubrique littéraire du Journal du Dimanche ; Gilles Gauthier*, ancien ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d’Alaa El Aswany ; Kaoutar Harchi, écrivain ; Houda Ibrahim, auteur et journaliste à Radio France Internationale (RFI) et Alexandre Najjar, écrivain et responsable de L’Orient littéraire.
*Afin de préserver l’impartialité de la décision du jury, Gilles Gauthier n’a pas pris part au vote.
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