ŠamaŠ, spectaculaire installation de l'artiste pluridisciplinaire libanais, compositeur et plasticien, avait fortement impressionné au pavillon du Liban de la Biennale de Venise en 2017, puis au musée Sursock à Beyrouth, mais n'avait jamais été exposée en France où vit Moultaka. 

ŠamaŠ, le dieu du soleil et de la justice des Babyloniens figure sur le premier code de lois connu, le code d’Hammourabi. Il est ici symboliquement représenté par un monumental moteur de bombardier, face à un mur étincelant évoquant le Veau d'Or. Avec cette relique crépusculaire psalmodiée, Moultaka lance un appel vibrant contre la barbarie des armes.

La composition musicale qui l'accompagne emprunte son texte à l’hymne au dieu sumérien, puisant dans un lexique akkadien des mots mutilés comme après une déflagration d’un missile tombé. Une étrange mélodie surgit d’un véritable réacteur de bombardier des années 1950 alors que les voix humaines et terrestres restent inaudibles, comme emprisonnées. Dans cette tragédie qui s’abat sur le Moyen-Orient, ŠamaŠ fait entendre la violence à défaut de la taire.