C'est la fête ! La directrice du Centre de langue et de civilisation arabes et les jeunes élèves sur scène, 10 juin 2017.
Thierry Rambaud/IMA10 juin 2017 : le Centre de langue et de civilisation de l'Institut du monde arabe donne sa grande fête annuelle réunissant, le temps d'un concert à l'auditorum, tous ses jeunes élèves des cours d'arabe. Des plus petits aux adolescents, ils montent sur scène classe après classe, interprétant, accompagnés au oud et à la derbouka, des chansons sur le thème retenu cette année : la mer. Excitation, émotion, fierté… Le spectacle est aussi du côté des parents enthousiastes massés dans le public…
Sur le parvis de l’Institut inondé de lumière, des enfants et leurs familles convergent gaiement vers l’entrée. Ce samedi après-midi, ils affluent vraiment bien plus nombreux que d’habitude. Un petit garçon échappe soudain à ses parents et court vers les portes vitrées. Sa mère tente de le retenir. « Ne t’inquiète pas, dit son père en souriant, il sait où il va. » Trois jeunes les dépassent en discutant : « C’est comme l’an dernier ? – Oui, au -2. »
Sur scène, les petits des classes d’éveil patientent sagement sous un immense dessin d’enfant, un bateau de pêche aux voiles orange.
Au -2, l’auditorium résonne d’un joyeux brouhaha, il est déjà presque rempli. L’événement tant attendu n’est ni la conférence d’une star de l’économie ni le concert d’un saxophoniste renommé. Ce spectacle pour lequel deux adolescentes se disputent une place dans ma rangée, c’est la traditionnelle fête du jeune public des cours d’arabe, la consécration d’une année dédiée à la découverte et à l’étude de la langue.
Sur scène, assis sur des tapis, les petits des classes d’éveil patientent sagement sous un immense dessin d’enfant, un bateau de pêche aux voiles orange. Comme le suggère le programme et comme le confirmera la directrice du Centre de langues, le thème choisi cette année est la mer en écho à l’exposition « Aventuriers des Mers » organisée cette année à l’Institut du monde arabe. A gauche, deux chaises attendent les musiciens.
Une famille s’installe à côté de moi : « Tu chantes quand ? demande le père. – Là, indique le fils sur le programme. – Bien, on partira juste après. »
L’auditorium est plein à craquer. Les musiciens sont arrivés, quelques enfants rejoignent encore les premiers rangs, la directrice obtient sans peine le silence, elle nous souhaite la bienvenue, annonce le programme, le directeur général dit quelques mots en arabe, une introduction de oud nous met en bouche et le voyage commence : Ila al-bahr, larguons les amarres !
Ahlan ahlan ! Bienvenue !
Ho ya mel !
Nous voguons d’escale en escale. Dirigées par leurs enseignants, toutes les classes montrent le même plaisir à chanter en arabe, accompagnées magistralement au oud et à la darbouka.
Leur morceau fini, les petits chanteurs descendent de scène, aidés de leurs enseignants. Un autre groupe d’enfants les remplace pendant que les deux musiciens nous réjouissent d’intermèdes musicaux alternant oud, chant et darbouka. Une flottille multicolore remplace le bateau de pêche et nous voici repartis !
‘Indak ya bahria ! Ohé matelot !
Les chanteurs font tanguer l’auditorium par leur enthousiasme. Nul besoin de comprendre les mots qu’ils chantent pour être entraîné, leur joie est communicative. Et c’est un air de flûte qui égaie maintenant l’interlude. Pendant que les jeunes s’installent, nos talentueux musiciens enchaînent un 2e morceau. Je ne me doutais pas que j’aurais deux concerts pour le prix d’un !
Salma ya salama !
Belle émotion que d’entendre cette vieille chanson anglaise de marins chantée en arabe et accompagnée au oud !
Un magnifique trois-mâts décore maintenant la scène (Je suis d’autant plus surpris par la qualité esthétique que ces dessins projetés sur l’écran ont tous été faits par les enfants), et c’est le tour des plus grands, les adolescents, d’entamer ce morceau du patrimoine égyptien. Je remarque au passage qu’eux naviguent seuls, personne ne les dirige !
Ya bahria ! Hauts les cœurs !
La terre est en vue et c’est désormais toute la salle qui frappe des mains en rythme. Les chanteurs enchainent sur Ila l’amam ! (En avant !), une version arabe de « Santiano », adaptation, m’expliquera-t-on, écrite par un des enseignants, celui-là même qui accompagne à la darbouka.
Amam al riyah… amam al-mawjat albahharun… nahnu huna
Au fond de la scène, je remarque que tout le centre de langues, enseignants et personnel administratif, s’est joint aux chanteurs, la salle les accompagne en frappant des mains. Shira’una li fawq… daiman ila l’amam nubhiru min Tanja ila Tokyo, « Nous irons de Tanger à Tokyo »… Belle émotion que d’entendre cette vieille chanson anglaise de marins chantée en arabe et accompagnée au oud ! Difficile d’imaginer plus vivant, plus vibrant trait d’union entre les cultures ! En avant ! Nous irons de Tanger à Tokyo…
Un dernier accord et nous revenons hélas accoster à Paris, le voyage est déjà fini ! La directrice appelle les enseignants sur scène pour un hommage final, je note que mes voisins sont toujours là, détendus, souriants. Finalement ils seront restés jusqu’au bout.
Après les remerciements et les chaleureux applaudissement – une quasi-standing ovation pour ces chœurs amateurs comme pour les musiciens professionnels ! – , des enfants se précipitent sur scène pour offrir fleurs ou cadeaux à leur enseignant préféré. Un joyeux et touchant désordre occupe un moment la scène.
Puis la salle se vide, comme à regret. Un groupe de jeunes s’approchent de leur enseignant pour lui demander une confirmation : « On espère vous avoir encore l’an prochain ? »
Qui a dit que les jeunes rechignaient à apprendre ?
D’autres matières que la langue arabe peut-être, et certainement pas à l’Institut. Je quitte moi aussi à regret cette joyeuse parenthèse, ce moment d’insouciance et de voyage.
A l’année prochaine pour un nouveau spectacle ! ila l-liqa !
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