Le romancier libanais Jabbour Douaihy a rejoint le paradis des écrivains
Jabbour Douaihy est décédé le 23 juillet dernier au Liban, à l’âge de 72 ans. Son dernier roman, Il y a du poison dans l'air, a été publié en arabe en 2021 aux éditions Saqi books.
Professeur de littérature française à l’Université libanaise de Tripoli, traducteur et critique à L’Orient littéraire, il compte parmi les grands acteurs culturels du pays. De 1995 à 1998, il participe aux côtés de Samir Kassir à l'aventure éditoriale de L'Orient-Express.
Sa ville d’origine, Zghorta, ainsi que Tripoli et Beyrouth sont ses principales sources d’inspiration pour explorer l’histoire sociale de son pays. Que ce soit pour raconter l'histoire libanaise à travers les grandes familles et les clans, la montée de l'islamisme militant, le poids des identités confessionnelles ou l'importance de la culture dans la construction du Liban, Jabbour Douaihy explore en profondeur et en finesse les contradictions et les douleurs de son pays. Ecrivain de langue arabe, la plupart de ses romans ont été traduits en français aux éditions Actes Sud.
Deux fois finaliste de l’International Prize for Arabic Fiction (pour Pluie de Juin et Saint Georges regardait ailleurs), il a reçu en 2013 le Prix de la littérature arabe IMA/Fondation Lagardère pour son roman Saint Georges regardait ailleurs.
La bibliothèque propose la plupart des titres (en arabe et traduits en français) de cet auteur majeur de la littérature libanaise contemporaine. Découvrez nos coups de cœur parmi les titres publiés !
Ouvrages de Jabbour Douaihy disponibles au prêt à la Bibliothèque de l’IMA
- Rose Fountain Motel - Arles : Actes Sud , 2009
« Une demeure passablement décrépite dans un village perché sur les hauteurs de Beyrouth. C’est ici qu’ont toujours vécu les Baz, grande famille de la bourgeoisie chrétienne sur le déclin. Nous sommes au début des années 1990, bien loin du faste d’antan, quand Francis al-Baz pouvait prétendre à un siège de député. Aujourd’hui, au lendemain de la guerre civile, la maison semble abandonnée. (…) Un beau jour, les Mani‘ donnent refuge à une lointaine cousine, menacée par ses propres frères pour une sombre affaire d’argent et d’honneur. L’arrivée de cette jeune femme au charme ravageur va mettre à mal l’équilibre déjà bien fragile de la maison.
Histoire d’une famille autant que fresque sociale, ce roman, le quatrième de Jabbour Douaihy, se distingue par un va-et-vient constant entre la gravité du propos et l’humour le plus diabolique. Il a été salué à sa parution par une presse unanime. » (Présentation éditeur)
- Pluie de juin - Edition Actes Sud , 2010
« En 1957, dans une église à Méziara, petit village du Nord du Liban, un massacre fut perpétré, faisant une centaine de victimes. C’était une vendetta entre familles chrétiennes, comme celles qui ont lieu ailleurs en Méditerranée, en Sicile ou en Corse.
Jabbour Douaihy s’empare de cet événement pour explorer les sources de la violence qui ensanglante le Liban depuis des siècles. (…)
Doté d’une construction rigoureuse, Pluie de juin réussit le pari de recueillir les angoisses de toute une société sans jamais tomber dans la complaisance. Il a été unanimement salué à sa parution et nominé en 2008 pour le Prix international du roman arabe. » (Présentation éditeur). Un "coup de cœur » de la Bibliothèque !
- Saint Georges regardait ailleurs - Sindbad/Actes Sud, DL 2013.
"Nizam naît dans une famille musulmane de Tripoli qui passe ses étés à Hawra, une bourgade maronite de la montagne. Là, un riche couple en mal d’enfants se prend de tendresse pour lui et se propose de l’élever, d’autant que son père, recherché pour quelque trafic, s’est enfui en Syrie. Nizam se retrouve ainsi dans une école chrétienne, puis il se fait baptiser afin que ses parents adoptifs le laissent partir pour la capitale.
À la fois musulman et chrétien, mais en fait ni l’un ni l’autre, Nizam vit d’abord à Beyrouth, la ville de tous les possibles, comme un fils à papa oisif et débonnaire. Mais il est rattrapé par la guerre civile, où son errance identitaire n’a pas de place. (…) Tragédie pétrie de dérision, «Saint Georges regardait ailleurs» est le roman d’un personnage, aussi insaisissable qu’attachant, incarnant tous les paradoxes de son pays.» (Présentation éditeur)
Ce livre a été nominé en 2012 pour le Prix international du roman arabe et a reçu le prix Hanna-Wakim 2011 du meilleur roman libanais.
- Le quartier américain - Paris : Actes Sud/Sindbad, DL 2015, cop. 2015.
À travers les destins croisés de plusieurs personnages, J. Douaihy raconte l’histoire de Tripoli et de son « Quartier américain » l’un des plus pauvres de la ville. La misère favorise le militantisme islamiste et le recrutement des jeunes candidats au djihad.
« L’auteur parvient admirablement à restituer les antagonismes de classes et de générations, la décomposition de l’élite traditionnelle, les élans brisés de la jeunesse et l’irrésistible ascension de l’islamisme radical, tout en célébrant le vieux fonds de courage et de bon sens populaires qu’incarne une modeste et émouvante femme de ménage. » (Présentation éditeur). Un de nos coups de cœur !
- Le manuscrit de Beyrouth -[Arles] : Actes Sud, Sindbad ; [Beyrouth] : L'Orient des livres, DL 2017.
Une histoire de l'imprimerie et de l'édition au Liban - notamment de la création des premières lettres d'imprimerie en caractères arabes et calligraphiés - tout autant qu'un portrait du Liban contemporain marqué par la corruption et les trafics. Un de nos "coup de coeur" !