Qantara 103 - Avril 2017
Dossier spécial : Classiques arabes, une invention moderne
Parution le 21 avril 2017
La culture arabe est en panne ; on ne cesse de nous le répéter. « Malaise arabe » et « crise de la culture islamique » se conjugueraient pour laisser libre cours à la violence et à l’islamisme. Mais si nous tournons le dos à la religion et à la politique, la situation est tout autre : l’effervescence des arts et de la littérature apparaît incontestable. Mais des esprits chagrins nous mettent en garde : sont ébranlés les fondements majeurs de la culture, soit la langue et la littérature. Nous avons voulu savoir comment se fabrique aujourd’hui le classicisme qui définit le bon usage de la langue arabe et la hiérarchie des œuvres.
Au début du XXe siècle, les nouveaux lettrés de la Nahda (Renaissance) ont imposé un classicisme en revisitant le patrimoine. Leur crainte était de voir dialectes locaux et langues étrangères s’insinuer dans l’écrit. Mais, aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les dialectes qui contaminent la « langue parfaite » : l’arabanglais des réseaux sociaux est partout. Il s’inscrit désormais dans les pages de romans. Il y a pire : les écrivains ne cherchent plus la consécration de leurs lecteurs habituels, ils rêvent d’être traduits ou, mieux encore, de recevoir un prix généreusement doté par un État du Golfe. Faut-il le regretter ? Extraits de l’édito par François Zabbal
Au sommaire du dossier :
À la recherche des classiques, introduction par François Zabbal
Sur les traces de l’arabe, interview de Jérôme Lentin
La langue parfaite : aux sources d’une idéologie linguistique par Jean-Patrick Guillaume
L’éthique des marchands des Mille et Une Nuits par Aboubakr Chraïbi
Succès de l’écriture numérique par Sobhi Boustani
Variations linguistiques dans le roman par Manel Bouabidi
Le roman arabe : attention à la casse des prix ? par Yves Gonzalez-Quijino
Le roman arabe mondialisé par François Zabbal
Ailleurs dans le magazine, la rubrique Portrait est dédié à Lawrence Durrell, auteur du remarquable Quatuor d’Alexandrie. Invitation au voyage est une balade à Ouarzazate et dans ses studios de cinéma alors que Saveurs convie à un petit déjeuner à Jérusalem. Et toutes nos rubriques habituelles.