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Kaléidoscope : trois collèges reçoivent le Prix de l'audace artistique et culturelle 2021 avec l'IMA et Combo

Trois collèges de Côte-d'Or : Clos-de-Pouilly et Jean-Philippe-Rameau (Dijon), et Lazare-Carnot (Nolay), viennent de remporter le prix de l’Audace artistique et culturelle 2021 pour leur projet, « Kaléidoscope ». Ce prix, décerné par la Fondation Culture & Diversité, honore aussi l’Institut du monde arabe, partenaire de la première heure du projet avec le précieux concours du street-artiste Combo. L'objectif de « Kaléidoscope » : lutter contre les stéréotypes racistes et antisémites, tout en favorisant le dialogue entre des collégiens issus de différents milieux. 

Le collège se verra remettre un trophée ainsi qu’une dotation de 7 500 €. Créé en 2012 à l’initiative de la Fondation Culture & Diversité, en partenariat avec les ministères de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture et de l’Agriculture et de l’Alimentation, le prix de l'Audace artistique et culturelle vise à récompenser et à soutenir des projets d’éducation artistique et culturelle exemplaires en faveur des jeunes les plus éloignés de la culture.

Ce prix vient récompenser un projet hors normes, qui repose sur un rapprochement original : celui des deux collèges Clos-de-Pouilly et Jean-Philippe-Rameau à Dijon et du collège Lazare-Carnot de Nolay. Kaléidoscope a ainsi regroupé 150 élèves de 5e. L’idée : amener ces enfants, issus pour les uns d’un établissement urbain plutôt favorisé, pour les autres d'un collège REP (réseau d'éducation prioritaire) et d’un collège rural, à apprendre à se connaître en participant à des actions communes et, ce faisant, à développer leur esprit critique.  

Le projet Kaléidoscope est soutenu depuis ses débuts par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Il a reçu le Label citoyen du Site-Mémorial du Camp des Milles ainsi que le prix académique VivaCité.

L’audace de “Kaléidoscope” ? Faire réfléchir et produire les élèves de 5e de trois collèges pendant toute une année scolaire, à partir de notions difficiles comme l’altérité, les préjugés, l’identité. Plus audacieux encore, faire se rencontrer, se côtoyer et travailler ensemble des élèves venus de collèges très différents. Ainsi, l’apport théorique et l’engagement dans les productions littéraires et plastiques prennent du sens et éclairent les rencontres entre élèves. Ceux qui ont participé à ce programme s’en souviendront longtemps. Et ce projet les aura tout simplement aidés, nous l’espérons, à trouver leur place dans la société.

Elodie Roblain, responsable du projet pour l'IMA

Pour tout Projet d'éducation artistique et culturelle, il faut un professeur chargé de l'initier et de le porter – en l'occurence, Solenne Leveque, professeur d'histoire-géographie au collège Clos de Pouilly ; une institution partenaire : l'Institut du monde arabe et son service des Actions éducatives, immédiatement séduit par la qualité de la proposition.
Il faut enfin un artiste présenté par l'institution : ce sera Combo Culture Kidnapper, que l’IMA connaît bien pour l’avoir accueilli entre janvier et mars 2016 pour l’exposition CoeXisT, et dont l'engagement et la démarche artistique correspondent tout à fait à Kaléidoscope. 

Kaléidoscope inclut des temps de découverte, d’échange et de création autour des thèmes de la laïcité, de l’altérité et de l’histoire des relations interculturelles. Le projet démarre avec l’étude des relations entre les cultures juive, chrétienne et musulmane en Méditerranée médiévale, au programme de l’enseignement d’histoire-géographie de 5e. Tout au long de l’année scolaire, ce sujet sera mis en perspective pour inciter les élèves à s’interroger sur l’héritage commun propre à ces trois cultures et à déconstruire les préjugés, au travers d'échanges entre élèves, de visites de lieux de mémoire – le site-mémorial du camp des Milles –, de sorties culturelles promouvant la culture en partage, de rencontres, de la tenue d'un blog, etc.
C'est ainsi que, en octobre 2019, les élèves ont visité le musée de l’IMA avec une guide-conférencière pour découvrir les points communs et les différences entre judaïsme, christianisme et islam et comment ces différentes communautés ont coexisté au Moyen Âge dans les villes arabes sous domination islamique. Les élèves ont fait le même type de visite au musée d’art et d’histoire du judaïsme (mahJ) et ont ensuite participé à un atelier autour du symbole de la khamsa, la « main de Fatma », symbole protecteur commun aux juifs et aux musulmans d’Afrique du Nord, en fabriquant leur propre khamsa selon la technique du métal repoussé. 
Parmi les temps forts, un atelier de street-art avec Combo, et la réalisation d'une fresque kaléiodoscopique monumentale de 4 m x 6 m. Combo a dessiné chaque élève dans une pose et muni d’un objet choisi par lui ; les collégiens se sont occupés de la mise en couleurs. Cette fresque aurait dû être présentée à l’Institut du monde arabe à l’occasion de la semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme, en mars dernier. La crise du Covid-19 a bousculé le calendrier, mais la fresque a bien été installée à l'IMA, prête à être dévoilée aux visiteurs. Et le parcours Kaléidoscope continue en 2020-2021 avec une nouvelle génération d’élèves.

Le blog de Kaléidoscope

Combo : « Une fois adultes, on reste des enfants qui se divisent sur de petites choses… »

« Je m’appelle Combo. Je suis un street-artiste qui réside à Paris. J’ai 33 ans. Je parle en français, je travaille en anglais et je rêve en arabe. Dans l'atelier de street-art mené dans le cadre de Kaléidoscope, nous avons décidé avec les élèves de les représenter, eux, dans des moments où ils ont appris à partager, et aussi discuté de leurs différences et au final de leurs points communs. 
Mon travail, en général, c’est de défendre la différence, ou les différences. J’estime qu’on est tous un peu différents, et c’est ce qui nous rapproche les uns des autres. De dessiner autant d’élèves, qui défendent ce message qui est le mien au quotidien, ça me touche beaucoup. Surtout, ce sont ces élèves qui ont choisi eux-mêmes la manière dont ils ont posé, dont ils ont voulu être colorisés, je ne suis plus qu’un outil dans ce travail et c’est aussi très plaisant.
Ils m’ont appris beaucoup de choses, sur leur région, sur qui ils sont… sur les différences qu’ils ont trouvées entre eux. Au final, ça me paraissait assez petit – ça reste des jeunes gens –, et ça m’a montré à quel point on pouvait se diviser sur de petites choses, sur nos vêtements, nos chaussures… Ce sont des choses importantes quand on est ados, qui nous marquent beaucoup ; et au final, quand on devient adulte, c’est à peu près pareil : on reste des enfants qui se divisent sur de petites choses. »