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Divas, la collection capsule par Raphaëlle Macaron pour l’Institut du monde arabe

Miroirs de poche, sacs, carnets, posters, pochettes zippées, badges… : l’illustratrice libanaise Raphaelle Macaron a imaginé pour l’institut du monde arabe des œuvres exclusives représentant trois grandes divas du monde arabe : Oum Kalthoum, Fayrouz et Warda.

Pour chacune de ces divas, Raphaëlle Macaron – qui a déjà réalisé des covers pour Acid Arab et Habibi Funk et des illustrations pour le New York Time et Society – crée des univers rétro et aux couleurs pop, faisant référence à des concerts emblématiques présentés dans l’exposition. Ces visuels sont déclinés sur toute une gamme de produits dérivés à découvrir sur la boutique en ligne de l’Institut du monde arabe. 

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J’ai surtout eu envie de retranscrire l‘ambiances des 3 concerts de chacune des trois divas en question. À chacune correspond un univers et une présence sur scène spécifiques. Elles ont toutes un charisme puissant!

5 questions à Raphaëlle Macaron

Vous dites volontiers que l’une de vos principales sources d’inspiration, c’est la musique que vous écoutez. Les chansons d’Oum Kalthoum, Fayrouz et Warda font-elles partie de votre univers musical quotidien ?

Oui, la musique est ma source principale d’inspiration. Fayrouz, Oum Kalthoum et Warda ne font pas nécessairement partie de mon univers musical quotidien, mais ont définitivement marqué mon enfance et mon adolescence. Je les associe à des souvenirs familiaux tendres et sereins. Mais c’est une mémoire si forte que, parfois, elle est aussi source de nostalgie extrême. Je choisis donc mes moments pour les réécouter. 

Quelle est la place de ces chanteuses dans le Liban d’aujourd’hui, auprès de la jeune génération – la vôtre ? Fayrouz est-elle toujours la diva adulée de tous ? 

Fayrouz est encore une figure populaire très importante. Sa musique autant que son personnage sont un mythe au Liban. 

« J’essaye souvent de raconter quelque chose, même s’il s’agit d’un simple dessin. » (Youtube, L’Orient-Le Jour, 2018) : qu’avez-vous eu envie de raconter en réalisant les affiches de Fayrouz, Warda et Oum Kalthoum ?

J’ai surtout eu envie de retranscrire l‘ambiances des 3 concerts de chacune des trois divas en question. À chacune correspond un univers et une présence sur scène spécifiques. Elles ont toutes un charisme puissant, impossible d’illustrer cela dans une affiche. Fayrouz par exemple, debout devant un orchestre et une armée de danseurs : elle captive toute l'attention avec ses yeux mi-clos. Ce qui est frappant dans ce concert, c'est le jeu d’éclairage : un puits de lumière sur elle, des ombres très fortes... Ça fait presque penser à l'expressionnisme allemand. Sur l'affiche, j'ai voulu représenter cette présence justement très imposante dans une forme qui reprend celle d'un spot lumineux. 
J’ai aussi voulu me faire plaisir visuellement : pour l'affiche d'Oum Kalthoum, je me suis inspirée de l'imagerie des affiches traditionnelles du cinéma égyptien, peintes à la main, souvent avec un portrait en premier plan et un paysage en fond. Ce que j'aime dans ces compositions, c'est la liberté avec laquelle on représente un personnage entier, puis des détails, ou des scènes, un peu comme des packshots selon les codes d'affiches publicitaires. Son portrait de profil avec ses lunettes de soleil iconiques résonnait bien avec le profil du sphinx derrière elle. C'est d'ailleurs une photo connue d'elle devant les pyramides qui m'a inspirée – c’est une belle métaphore sur son importance dans la culture égyptienne. 
Pour Warda, je me suis bien amusée à regarder ses costumes, ses coiffures, ses habillages de scène... je n'arrivais pas à décider quel look j'allais choisir, j'ai donc essayé de trouver une composition pour en mettre le plus possible ! Je ne saurais pas dire exactement pourquoi, mais je me suis inspirée des compositions des couvertures de vieux comics américains... peut-être pour exprimer son extravagance ? 

 Y a-t-il eu des spécificités à votre travail de création, dans la mesure où il était destiné à figurer sur des objets très divers? êtes-vous partie des contraintes liées au support pour réaliser votre travail, ou avez-vous ébauché des projets, avant de vous atteler à leur adaptation sur le support ?

Pas vraiment, le travail d’affiche est très instinctif pour moi. J’ai donc commencé par les concevoir avec l’idée de pouvoir isoler des éléments pour le motif. J’ai essayé de créer ensuite un motif qui reprenait bien l’univers des trois divas et qui serait facilement adaptable sur tout support.  

Vous n’avez quitté le Liban que depuis cinq ou six ans. Vous qualifieriez-vous de « Libanaise à Paris » ou d’artiste internationale ? Et quel impact a votre installation en France – particulièrement depuis que la pandémie interdit les voyages - sur votre travail ? 

Je ne me qualifie pas tout court, les questions d’identité sont toujours plus complexes que ça. Je suis encore très ancrée au Liban malgré ma présence en France, mais celle-ci me donne la possibilité d’avoir le recul nécessaire pour en parler et surtout la possibilité de développer mon activité artistique. La pandémie et l’interdiction de voyage ont été d’autant plus difficiles à cause des multiples catastrophes qui ont frappées Beyrouth cette année : ça a été douloureux d’assister à cela de loin, dans une impuissance totale. Cependant, j’essaie de canaliser cette énergie dans mon travail.