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Déclaration de Jack Lang, Ministre de la Culture de François Mitterrand, suite à la disparition de Jean-Denis BREDIN

« Un compagnon incomparable, un virtuose du droit et de la pensée »

« Une immense tristesse me submerge à l’annonce de la disparition de Jean-Denis BREDIN. Il était pour mon épouse Monique et moi-même un ami incomparable. Professeur de droit, écrivain éclairé, brillant penseur et académicien raffiné, c’était un inséparable compagnon de route et d’esprit. 

« As » du barreau, très engagé dans la vie civique, il restera l’incroyable spécialiste des grands procès. 

Passionné d’histoire contemporaine, ses écrits sur l’affaire Dreyfus ou encore sur l’affaire Caillaud sont d’incontournables références. Il avait une plume érudite et ciselée.  

Il était aussi un puissant orateur. Jean-Denis BREDIN possédait une dextérité verbale exceptionnelle. Ses discours étaient enchanteurs et il était sans nul doute l’un de nos plus brillants avocats. 

Je me souviens encore la force et l’énergie qui auront été la sienne pour m’aider lors de mon éviction du théâtre de Chaillot en 1974 après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing. 

Ses convictions étaient sans failles lorsqu’il s’agissait de défendre ceux qu’il pensait injustement incriminés. En 1982, je l’avais nommé à la tête de la Commission sur la réforme du cinéma. Ses intelligentes préconisations auront permis de sauver le cinéma français au moment où les autres cinémas européens se délitaient. La création des SOFICA aura d’ailleurs été déterminante pour préserver et redonner vie au cinéma. Avec un œil expert et visionnaire, Jean-Denis BREDIN aura été un acteur majeur de la politique des arts. Il avait une culture de virtuose. Il lisait énormément et s’intéressait à tout. Avec Antoine Vitez, nous avions coécrit le livre « Eclats », en 1975, qui ouvrait les pistes d’une politique nouvelle de l’art et de la culture. Là encore, Jean-Denis BREDIN aura été un invraisemblable complice, intransigeant et minutieux, un véritable orfèvre. 

Aujourd’hui, je pense avec beaucoup d’affection à sa famille et à ses enfants, et en particulier, à sa fille Frédérique qui aura brillamment repris le flambeau de son père en devenant, elle aussi, une grande défenseuse des arts, de la culture et du cinéma. Chargée du cinéma à mon cabinet en 1985, elle continua et approfondit la politique cinématographique imaginée par son père Jean-Denis. »

 

Jack Lang