La Bataille d'Alger : un film dans l'Histoire, l'histoire d'un film
Yacef Saâdi est décédé le 10 septembre 2021 à l’âge de 93 ans. Il a été l’une des figures marquantes de l’histoire de l’Algérie, et un protagoniste central de l’épisode sanglant de la guerre d’Algérie, appelé la « Bataille d’Alger » (7 janvier - 9 octobre 1957). Yacef Saâdi était aussi l’acteur de son propre rôle dans le film de fiction éponyme de Gillo Pontecorvo, sorti en 1966.
Initialement interdit en France, la première sortie du film sur les écrans français date de 1970 et s’accompagne de nombreuses menaces et pressions, allant jusqu’à des attentats perpétrés contre des salles de cinéma. La torture utilisée par l'armée française et montrée dans le film fut l'une des raisons de sa censure jusqu'en 2004, date à laquelle il est finalement montré au Festival de Cannes…
Selon le classement établi par Sight & Sound, revue de cinéma du British Film Institute, La Bataille d’Alger est classé 48ème sur les 50 meilleurs films de tous les temps.
Le film de Pontecorvo inspire par la suite d’autres cinéastes, notamment Yves Boisset qui réalise le film de fiction R.A.S. et le documentaire La bataille d’Alger. D’autres réalisateurs (Malek Bensmaïl, Cheikh Djmaï) reviennent sur l’histoire de la fabrication du film ou encore sur son empreinte laissée dans la conscience collective algérienne.
La bibliothèque de l’IMA vous invite à découvrir ce chapitre de l’histoire de l’Algérie et de l’histoire du cinéma à travers ces œuvres disponibles en DVD, à regarder sur place ou à emprunter :
Gillo Pontecorvo : La bataille d'Alger. Fiction. Paris : Studio Canal, 2004, copyright 1966
Résumé : "Début 1957, la 10e division parachutiste du général Massu se vit confier la mission de s'installer dans Alger et de mettre fin par tous les moyens au terrorisme urbain. Tenus de se substituer à la police, les paras livrèrent ce qu'on allait appeler la "bataille d'Alger". Affranchis des règlements, ils démantelèrent en quelques mois tous les réseaux, rendant la paix à Alger. Pour obtenir si vite un tel résultat, ils durent parfois se salir les mains. D'où la campagne contre la torture qui allait escorter leur victoire." (source : jaquette)
Lion d'or, Prix Fipresci, 23e Festival de Venise, 1966
Meilleur Film étranger, Kinema Junpo Awards, 1968
Sélection officielle, Festival de Cannes, 2004
Malek Bensmaïl : La bataille d'Alger, un film dans l'histoire. Documentaire. Paris : CNC, 2017
A l’aide de nombreux archives et entretiens, Malek Bensmaïl retrace la fabrication du film et analyse sa féconde postérité.
Cheikh Djemaï : La bataille d'Alger, l'empreinte. Documentaire. Paris : CNC, 2018
Présentation éditeur : Cheikh Djemaï revient sur la genèse du long métrage de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger (1965). Par le biais d’images d’archives, d’extraits du film et d’interviews de personnalités, le cinéaste retrace le parcours d’une œuvre majeure - des événements de la Casbah algéroise (1956-1957) à la remise du Lion d’Or entrainant la colère de la délégation française à Venise – qui a laissé son empreinte autant dans l’histoire du cinéma que dans celle de l’Algérie.
Yves Boisset : R.A.S. Fiction. Paris : Studio Canal, 2013, copyright 1973
Présentation éditeur : « Trois amis rejoignent la troupe des mobilisés pour la guerre d'Algérie. Les évènements poussent l'un d'eux à vouloir déserter puis à tuer. Il finit par comprendre l'absurdité du massacre qu'il a perpétré. »
Yves Boisset : La bataille d'Alger. Documentaire. Paris : Compagnie des phares et balises, 2007
« Que reste-t-il aujourd’hui de la bataille d’Alger dans la mémoire collective ? Sans doute le souvenir d’une victoire militaire à peu près totale des paras de Massu et des « bérets rouges » de Bigeard sur le FLN. Mais aussi le souvenir d’une immense défaite politique et morale qui devait sceller le sort de l’Algérie française. Une défaite de l’honneur et de l’éthique qui révéla au grand jour la pratique de la torture par l’armée française. Une défaite stratégique, enfin, qui servit de ferment à la mobilisation du peuple algérien contre « l’occupant français ». (source éditeur)