Après l'Institut du monde arabe, l'Orient Express continue son voyage à Singapour
En 2014, l’Institut du monde arabe organisait avec la société Orient Express « Il était une fois l’Orient Express », exposition mémorable et inédite qui faisait revivre, pour la première fois, la fabuleuse épopée du train légendaire. En cet automne 2020, il connaît un nouveau voyage : l’exposition renaît à Singapour, dans une nouvelle version produite par Visionairs In Art avec Orient Express et l’IMA, première destination d’une « série d’itinérances » à travers le monde. Elle y ouvrira ses portes le 12 décembre prochain.
Conçue et portée par le commissaire général Claude Mollard, elle met la barre encore plus haut que la première édition, en bravant, pour sa réalisation, des obstacles considérables, liés à la fois aux distances et au contexte épidémique. Restaurer en un temps record une locomotive centenaire et deux voitures classées aux monuments historiques, les transporter (150 tonnes) par terre et mer de la France à Singapour, sur des milliers et des milliers de kilomètres, bâtir, sur place, une structure spéciale de 2000 m2 pour les accueillir, sur le site emblématique de « Gardens By The Bay » ... Il faut « toujours un coup de folie pour bâtir un destin », comme aime à le rappeler Claude Mollard, citant Marguerite Yourcenar. Dont acte !
Un voyage à travers le temps
« Il était une fois l’Orient Express » propose aux visiteurs de partir à la découverte de chefs-d’œuvre des arts de vivre et de voyager qui ont incarné la modernité en leur temps, et animent encore l’imaginaire contemporain. Exposition pluridisciplinaire qui s’adresse à tous, elle offre l’exceptionnelle opportunité de monter dans une voiture des wagons-lits des années 1930, et de contempler une locomotive construite en France voici 158 ans. Non sans apprécier au passage le clin d’œil plein d’humour et de nostalgie aux palpitants thrillers que le train a fait naître, et partir à la découverte d’aspects méconnus du monde arabe – et plus largement de l’histoire des relations entre la France, l’Europe et l’Orient.
Pour concevoir et réaliser à Singapour une exposition de cette envergure, il a fallu, en plus de la locomotive et des voitures, des wagons-lits, réunir 300 objets d’art et documents précieux, en restaurer certains, adapter plusieurs tonnes de mobilier et vitrines d’exposition; mais aussi construire un bâtiment pensé spécialement pour garantir la sécurité des personnes et des œuvres. Le climat équatorial n’étant guère propice à la conservation des œuvres d’art, il a fallu y adopter des dispositifs sophistiqués pour répondre aux exigences des prêteurs.
À Singapour, qui en 1923 fut reliée à la Malaisie par chemin de fer et dont la gare de Tanjong Pagar n’a fermé qu’en 2011, l’Orient Express apporte un parfum de nostalgie mêlé à la révélation d’aventures audacieuses et piquantes; son style Art déco rappelle celui de l’ancienne gare de Singapour. Nul doute qu’il parlera à la mémoire et au cœur des Singapouriens.
Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe
Impossible n’est pas Orient Express
L’ouverture de l’exposition à Singapour était initialement prévue en mai 2020. Mais une exposition dédiée à un train ayant inspiré tant de romanciers et de cinéastes ne pouvait avoir qu’une histoire elle-même romanesque ! « Les mobiliers et les vitrines prirent la mer en février, raconte Claude Mollard, commissaire général de l’exposition. Ils arrivèrent en avril. Le train devait partir vers la fin mars. C’est que le projet a été impacté par la crise mondiale du Coronavirus. Le 15 mars, l’Institut du monde arabe, confiné par décision sanitaire, devait interrompre le déroulement du projet. Le cheminement du convoi exceptionnel accompagné par la police depuis la région parisienne jusqu’au port d’Anvers devenait impossible. Le projet aurait dû normalement être reporté sine die. Nous décidâmes au contraire de le poursuivre coûte que coûte. Sa date d’ouverture au public glissa au fil des semaines de confinement de juin à septembre et enfin décembre. Comment prendre des décisions fermes dans une situation mondiale devenue aussi chaotique et incertaine ? Pourtant, tous les partenaires du projet acceptèrent de s’engager dans cette aventure, depuis les prêteurs d’œuvres d’art jusqu’aux financier et aux sponsors. Folie ? Défi impossible à relever ? Les faits sont là et leur réunion constitue un véritable exploit. » Et c’est ainsi que, le 23 octobre dernier, les Parisiens ont pu voir glisser sur la Seine, transportée sur une barge, une voiture du mythique Orient-Express.
L’exposition ouvrira finalement ses portes à Singapour le 12 décembre 2020. « Sept mois de retard, conclut Claude Mollard, c’est sans doute beaucoup pour un train qui doit arriver à l’heure ! Mais l’essentiel n’est-il pas qu’il arrive finalement à bonne destination ? »
La mise en service de l’Orient Express, ancêtre des grands voyages internationaux, a jadis mobilisé des énergies considérables. Il en aura fallu presque autant pour mener à bien l’aventure de cette exposition à Singapour. Une aventure un peu folle, en effet, mais fidèle au mythe qui fait vivre ce train dans les mémoires du monde.
Un voyage virtuel
Vous n’habitez pas Singapour, mais souhaitez participer à la magie de l’aventure Orient Express ? L’Institut du Monde Arabe vous propose de suivre sur ses réseaux sociaux et son site, dans le cadre de sa programmation con née #LIMaALaMaison, le making-of de cette exposition de l’impossible. Retrouvez dès à présent une série de reportages vidéo sur le montage de l’opération, avec le hashtag #OrientExpressSingapour.
Suivez les coulisses de la préparation de cette "itinérance" de l'autre côté de la planète avec notre minisérie vidéo #OrientExpressSingapour.
ONCE UPON A TIME ON THE ORIENT EXPRESS
Ouverture de l'exposition le 12 décembre 2020
Gardens by the Bay, West Lawn
18 Marina Gardens Drive, Singapour 018953
https://www.orient-express.com
Du lundi au vendredi de 9h à 19h, le week-end de 9h à 20h, nocturnes le vendredi jusqu'à 21h30
Cette exposition n'aurait pu voir le jour sans l'indéfectible soutien des autorités singapouriennes. Ll'Institut du monde arabe leur exprime ici sa plus vive reconnaissance.