Le Congrès de musique arabe (1932), qui avait rassemblé au Caire de nombreux musicologues d’Orient et d’Occident ainsi que des musiciens, vit se confronter plusieurs conceptions de la future musique arabe moderne : d’une part, des conservateurs fidèles à  la tradition, à l’improvisation et au tarab (l’émotion musicale indissociable de la performance vivante) ; et d’autre part, des réformistes qui souhaitaient utiliser les outils de la musique occidentale, notamment pour s’adapter à l’enregistrement, au cinéma et à la radio.    

À cette occasion, de nombreux enregistrements furent effectués sur disques 78 tours : musiques d’Égypte ; musiques arabes, principalement de l’Irak et du Maghreb. Les enregistrements d’Algérie, de Tunisie et du Maroc revêtent une grande importance, car les musiciens choisis étaient parmi les meilleurs. Ils sont donc des témoins fidèles de l’état de la musique à cette époque.    

Après la publication de ces enregistrements par la Bibliothèque nationale de France en 2015, basée sur la documentation de l’historien de la musique Bernard Moussali (1950-1996), l’ethnomusicologue Jean Lambert a publié une édition augmentée et critique des autres recherches de Bernard Moussali, interrompues par sa disparition : Le Congrès du Caire de 1932. La musique arabe à la recherche de son identité, (éd. Geuthner, 2024), où figure notamment un chapitre consacré aux enregistrements sur disques 78 tours de plusieurs pays dont l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.