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Le Prix de la littérature arabe 2022 est décerné Yamen Manai pour “Bel abîme”

Le Prix de la littérature arabe 2022, créé par la Fondation Jean-Luc Lagardère et l’Institut du monde arabe, est décerné à l’auteur tunisien Yamen Manai pour son roman Bel abîme (Éditions Elyzad).

Une mention spéciale est attribuée à l’écrivain soudanais Hammour Ziada pour son roman Les Noyées du Nil (Éditions Sindbad / Actes Sud), traduit de l’arabe par Marcella Rubino et Qaïs Saadi.

Lors de cette 10e édition, le jury, composé de personnalités du monde des arts et de la culture ainsi que de spécialistes du monde arabe, a salué « un bref roman passionnant écrit dans un style simple et puissant à la fois, qui dénonce, à travers le parcours d’un adolescent révolté, les injustices d’une société cruelle dans la Tunisie des banlieues populaires. Ce livre, écrit par un auteur tunisien francophone qui a déjà à son actif trois romans, a été publié par les Éditions Elyzad dont le travail fait honneur à la francophonie ».

Quant au roman d’Hammour Ziada, le jury a souhaité récompenser « un roman qui nous plonge dans un village du Soudan dans les années 1960 pour nous raconter les antagonismes et transitions familiales au sein d’une société paysanne dont la vie simple et parfois cruelle est rythmée par les crues du Nil ».

Pierre Leroy (Directeur Général Délégué de Lagardère SA et Administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère), Président du jury, est revenu sur la vocation du Prix : « Notre ambition est de contribuer à promouvoir la littérature arabe, encore trop souvent privée de l’écho qu’elle mérite en Europe, parce que le livre est et doit rester un puissant vecteur de découverte et de compréhension entre les cultures ».

Jack Lang, Président de l’IMA, a rappelé le caractère unique du Prix et son rôle essentiel en tant que « caisse de résonance pour les écrivains qui témoignent de l’extraordinaire vitalité de la littérature contemporaine arabe ».

Le lauréat du Prix sera reçu à l’Institut du monde arabe le 3 décembre dans le cadre des rencontres littéraires « Une heure avec... »

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Gabriel Carrère

Yamen Manai, lauréat du Prix de la littérature arabe 2022

Né en 1980 à Tunis, Yamen Manai vit à Paris. Ingénieur, il travaille sur les nouvelles technologies de l’information. Aux Éditions Elyzad sont également parus ses romans La Marche de l’incertitude (poche, 2010), La Sérénade d’Ibrahim Santos (2011 ; poche, 2018) et L'Amas ardent (2017), récompensés de nombreux prix littéraires. Bel abîme a aussi reçu le Prix Orange du Livre en Afrique 2022.

 

Bel abîme (Éditions Elyzad)

Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a sa chienne Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ». Mais la rage est déjà là.

« On goûte peu à l’amour dans mon beau pays. Très tôt, on est soumis à la brutalité. [...] j’ai écrit ce roman sur l’envers de la carte postale tunisienne. Après l’avoir achevé, en janvier 2021, les jeunes sont sortis dans la rue, de nuit, en colère, en rage. [...] Des voyous, des vauriens, des zoufris, mais jamais on n’a dit d’eux qu’ils étaient en manque d’attention et en manque d’amour. [...]
Ces dernières décennies, tout ce qui est arabe est sulfureux, drapé de suspicion et d’inquiétude. Nous avons très peu l’opportunité d’être fier de cette identité, de la fêter, de la célébrer, surtout en Occident. Ce Prix est une merveilleuse occasion de le faire. Il est une belle preuve de fraternité, une main tendue vers cette littérature qui ne cherche qu’à s’envoler.
»
Yamen Manai

DR

Hammour Ziada, mention spéciale du Prix de la littérature arabe 2022

Hammour Ziada, écrivain soudanais, a vécu en exil avant la chute du régime d’Omar al-Bashir et vit actuellement au Caire. Il a obtenu en 2014 le Prix Naguib Mahfouz pour son roman Le Désir du derviche (Hoopoe Fiction), et a également figuré dans la shortlist du Grand Prix du roman arabe. Il est l’auteur de quatre romans et d’un recueil de nouvelles, dont une, Tu mourras à vingt ans, a été adaptée en film. Les Noyées du Nil est le premier à être traduit en français.

 

Les Noyées du Nil (Éditions Sindbad / Actes Sud)


Nous sommes en mai 1969, alors que le Soudan connaît un coup d’État, les habitants du village de Hadjar Narti situé à « deux jours et demi en bus » de la

capitale Khartoum repêchent le corps d’une femme flottant sur le Nil. Ce n’est pas la première fois que ce fleuve remonte à sa surface des cadavres féminins. L’agitation s’empare du village et une période de deux jours est fixée pour l’identifier avant l’enterrement. Alors que s’enflamment les antagonismes, un second cadavre est repêché.

« Si ce roman a retenu l'attention du jury du Prix de la littérature arabe, cela signifie que j'ai réussi en quelque sorte mon objectif : attirer l’attention sur nos histoires oubliées et ignorées du monde. C'est un grand honneur que les histoires de domination qui se déroulent en Afrique, sur les rives du Nil, parviennent jusqu'aux professionnels de la culture sur les berges de la Seine, en Europe ».

 

Promouvoir la diversité de la littérature arabe

Créé en 2013 par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Fondation Jean-Luc Lagardère, ce prix (doté de 10.000 €) est l’une des rares récompenses françaises distinguant la création littéraire arabe. Elle promeut l’œuvre d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français. Valoriser et diffuser en France la littérature arabe en plein temps fort de la rentrée littéraire, telle est la volonté des fondateurs de ce prix, qui s’inscrit également dans le travail de fond mené par l’IMA, plus largement, sur ce sujet, avec notamment ses Rencontres littéraires.

Jury du Prix de la littérature arabe :

Président : Pierre Leroy, Directeur Général Délégué de Lagardère SA et Administrateur délégué de la Fondation Jean-Luc Lagardère ; Nicolas Carreau, écrivain et chroniqueur littéraire ; Nada Al Hassan, spécialiste du patrimoine culturel ; Mahi Binebine, peintre et écrivain ; Mustapha Bouhayati, Directeur de la Fondation Luma à Arles ; Gilles Gauthier, ancien Ambassadeur de France au Yémen, traducteur des livres d'Alaa El Aswany ; Pauline Hauwel, Secrétaire Générale du groupe Lagardère ; Houda Ibrahim, auteur et journaliste à Radio France Internationale (RFI) ; Alexandre Najjar, avocat, écrivain, Grand Prix de la Francophonie 2020 et Nathalie Sfeir, Responsable de rayon à la librairie-boutique de l’IMA.