Mohamed Khaznadji, le magnifique
Considéré par les puristes comme l’un des interprètes les plus représentatifs du style andalou algérois, Mohamed Kheznadji a influencé, tant par son style que par le charisme de son attachante personnalité, des générations entières de musiciens et d’interprètes.
Né à la casbah le 21 mai 1929 et issu d’un milieu algérois, où la musique classique algérienne dite andalouse est un art de vivre, il montrera très tôt des prédispositions artistiques au contact de grands maîtres, tels Mohamed Benchaouch, Mourad Bestandji, Mohamed et Mahieddine Lakhal, qui lui feront découvrir les horizons artistiques et spirituels de la nouba.
C’est au sein de l’association musicale El Hayat, en 1946, que débute véritablement son apprentissage. Il a, alors, pour cheikh (maître), Abderrahmane Belhocine (père de Hamid, tromboniste de Kassav’), le mentor qui lui révélera tous les secrets d’un art, en particulier la sana’a, et le guidera lors de ses premiers pas sur scénes. En 1966, il enregistre, chez Pathé Marconi, son premier 33 T.
Très vite, l’ancien récitant de Coran, amateur de vers mystiques, va imposer sa marque aussi bien comme interprète, d’abord au sein du grand orchestre dirigé par Cheikh Mohamed Fekhardji, puis en soliste, que comme professeur dans diverses structures musicales : associations, conservatoire d’Alger...
Eblouissant, Khaznadji séduit beaucoup par sa maîtrise de la tagliba (litt. renversement) qui consiste à faire passer rapidement la voix de la note la plus élevée dans les aigus à des degrés qui vont de la tierce à l’octave inférieure. Une prouesse vocale toujours difficile à imiter.
Sid-Ahmed Serri, la mémoire
Né à Alger le 3 novembre 1926, cet authentique fils de la casbah a grandi dans un environnement baigné par la musique. Sa mère chantait en faisant le ménage et son grand-père paternel, le vénéré Cheikh Kaddour, était le maître de cérémonie de la confrérie aïssawa locale. Un autre personnage, son voisin Cheikh Mehmed, ancien meddah (hymnode religieux), va jouer également un rôle déterminant danssa vie.
En l’emmenant assister à un concert du ténor Mahieddine Bachetarzi, dit « le Caruso d’Alger », il reçoit l’illumination andalouse et sacrée. Toute cette ambiance initiale, suivie d’une entrée, à l’âge de 19 ans, au sein de la prestigieuse association El Djazaïria-El Mossilia, va faciliter son accès à l’ensemble destechniques du corpus andalou et de ses dérivés. Surtout, il y rencontre le mythique Abderezzak Fekhardji, dont il se veut le modèle.
Sous la conduite de ce grand maître, Sid-Ahmed Serri élargit son horizon et améliore ses connaissances dans la pratique du domaine andalou, qu’il soit profane ou sacré. Servi par une mémoire prodigieuse, une intelligence vive et une voix impériale, il s’affirmera très tôt comme l’une des valeurs les plus sûres de la tradition musicale citadine algéroise.
Parallèlement à sa brillante carrière artistique, Serri œuvrera considérablement à la diffusion de la musique andalouse en dispensant un précieux enseignement dans les associations El Djazaïria-El Mossilia ou El Djazaïria-Ethaâlibya, tout en continuant à donner de nombreux concerts. On lui doit aussi un ouvrage magistral, accompagné d’un CD, autour de la sana’a, publié en 1997.
Zerrouk Mokdad, le violon dingue
Ce disciple de Sid-Ahmed Serri, appartient à une nouvelle génération d’interprètes, qui a succédé à celle de Sfindja, des frères Fekhardji ou de Dahmane Ben Achour. Après un court passage au Conservatoire d’Alger où il eut, comme enseignant, l’inégalable Abdelkrim Dali, Zerrouk Mokdad rejoint l’association El Djazaïria–El Mossilia, dont il reste un membre très influent. En 1972, il devient le violoniste alto attitré, et parfois le soliste, de l’orchestre de la télévision algérienne.
Par la suite, Zerrouk, auteur de plusieurs enregistrements, fut nommé chef de l’orchestre andalou, un genre dont il est l’une des valeurs les plus sûres.