Faire interagir les sons pour abolir les frontières : telle est la perspective d’Amir ElSaffar, leader virtuose du Two Rivers Ensemble. Né d’un père irakien exilé à Chicago, c’est en alchimiste des temps à la fois modernes et anciens qu’il orchestre ce sextet par essence hybride et transculturel.

Empruntant, sur le fil vibrant d’une improvisation organique, à la tradition classique du maqâm irakien, qu’il a apprise auprès du maître Hamed Al-Saadi, à ses ornementations lyriques, à ses micro-intervalles et quarts de ton, il tisse un lien subtil mais essentiel avec le jazz américain et la musique contemporaine, dans laquelle il a évolué auprès de Bud Herseth et Cecil Taylor.

L’ensemble conjugue ces deux idiomes musicaux, au cœur de l’identité duelle de son leader, en un tourbillon de mélodies et une alternance soutenue de cadences, miroir d’une tourmente intérieure, celle d’un monde placé sous le paradigme de la crise. Batterie et percussions arabes, santur, basse, violon, oud, kanoun, bouzouk, trompette, saxophone, chant : tous s’accordent cependant pour magnifier ce rêve éthéré aux accents mystiques que porte Amir ElSaffar.