Après le dernier ciel | Electro-poésie
création fil et poésie | concert
Les écrits de Mahmoud Darwich ont inspiré les circassiens Marion Collé et Arthur Sidoroff, le chanteur Walid Ben Selim et la harpiste Marie-Marguerite Cano
La part d’obscur n’est pas la cible de la poésie. Mais elle nait de la tension entre le mouvement du poème et la pensée que le poème met en branle, de la tension entre son état de prose et son état de rythme. Et cette part d’obscur, comparable aux évocations des ombrages, est l’une des formes du combat entre la langue poétique et la réalité que la poésie, dans la quête de son essence, ne se contente pas de décrire. Peut-être que cette part d’obscur est l’espace précisément ouvert devant le lecteur qui, libéré d’un message définitif, doté de la capacité de lire et d’interpréter, peut alors donner une deuxième vie au poème.
Mahmoud Darwich, extrait de la préface de « La terre nous est étroite et autres poèmes », Poésie/Gallimard
1ère partie
Après le dernier ciel, création fil et poésie
Avec Marion Collé et Arthur Sidoroff
Sur les fils, Marion Collé et Arthur Sidoroff proposent une performance circassienne inspirée des écrits de Mahmoud Darwich.
« Dans la poésie de Mahmoud Darwich, lyrique et intime, épique, c'est l'aspect politique qui semble toujours prendre le pas sur tout, puisque sa parole est attachée à son pays, à son histoire. Et cette histoire, et la Palestine, à mon avis, a tellement besoin des mots du poète, de poésie, que Mahmoud Darwich est sa langue, intrinsèquement. Il est la Palestine. En ce sens, pour moi, il est intraduisible. Cette notion de traduction m'intéresse particulièrement, dans le rapport de traduction de la poésie au plateau qui est au coeur de mon travail.
Dans ce qu'il dit sur sa poésie, et notamment sur la traduction, il y a quelque chose qui selon moi lui permet d'échapper à cette assimilation de sa poésie à la cause palestinienne : en effet, Mahmoud Darwich a lu et découvert beaucoup de textes en hébreu aussi, il est un poète qui traverse les langues, il est très traduit, beaucoup lu en France, et ce qu'il dit sur la traduction dépasse justement le simple sens de “traduire d'une langue à une autre”. Il y a là quelque chose d'universel, de tangible, d'infiniment poétique car il est question de transcrire, de continuer à dire, à écrire, de la force de l'idée poétique et de la lumière que procure le fait de cheminer, en poésie.
D'un point de vue littéraire, ce qui me touche, c'est le rythme de son écriture: elle est en marche, elle est comme une vague, elle est épaisse souvent, elle a aussi des arrêts très nets. C’est une langue poétique, une langue en soi, une musique où tout est combat, engagement, force, quête de liberté. Mais ce qui me touche davantage encore, c’est la relation du poète à sa poésie, sa manière de s’entretenir avec elle, de vivre en poésie, de cheminer dans un espace ouvert, dévasté, extime. Espace des mots bien sûr mais aussi espace du corps, de la lumière, espace de mouvement et d’élan de vie, où l’émotion et la pensée s’éprouvent, dans une tension, continue. pour s’adresser à l’autre, librement.
Au plateau, sur les fils, par la lumière et par le son, il y a là matière à exprimer cet endroit de tension, et de chercher à traduire cette poésie qui est vitalisante, éclatante, profonde. Faire face, traverser, être traversé par des élans forts, la nécessité d'un engagement et d'une réflexion sur le monde, partagée, tels seront les axes de travail pour cette création en hommage à ce grand poète qu’est Mahmoud Darwich. » Marion Collé
Equipe de création
Sur une proposition de Marion Collé / Collectif Porte27
Fildeféristes Marion Collé, Arthur Sidoroff
Scénographie lumière Sylvie Mélis/ Le Scratch de la Méthode
Créateur son Alexis Auffray
Avec la voix de Raymond Hosny
Responsable des accroches Fred Sintomer
Administration Anne Delépine
Production/diffusion Marie Pluchart/ Triptyque production
Production Collectif Porte27
Coproduction Institut du monde arabe, La Comète - scène nationale de Châlons en Champagne
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2ème partie
Electro-poésie
Avec Walid Ben Selim de N3rdistan et Marie-Marguerite Cano
A la tête de N3rdistan, formation basée à Perpignan : Walid Ben Selim, un jeune homme d’origine marocaine doté d’une voix puissante et persuasive qui connaît ses classiques (il a fait ses classes au conservatoire de Casablanca) et ses modernes (il s’est nourri des apports électro et hip-hop). L’originalité de la démarche de N3rdistan : son questionnement du patrimoine arabe et sa réappropriation du fonds poétique légué par de grands noms comme Mahmoud Darwich, notamment les magnifiques Lanceur de dés, Passants parmi les paroles passagères, Mawwal ou Bitâqat. Walid Ben Selim sera notamment accompagné par la harpe de Marie-Marguerite Cano. Walid Ben Selim vient d’être nommé parmi les finalistes au prix Musiques d’Ici et reviendra le 21 octobre 2018 à l’Ima.