Dans le cadre de l'exposition Aventuriers des mers
Initialement prisée par les dockers et les pêcheurs, la chanson chaâbi, jaillie des entrailles de la basse casbah d’Alger au début du vingtième siècle, a élargi depuis son audience. Son maître fondateur se nomme El Hadj M’hamed El Anka et Abdelkader Chaou, l’ultime légende vivante de cet art majeur, se réclame de cette lignée.
Tout petit, il aimait à se griser de ces bouffées de musiques qui s’échappaient des cafés maures de la casbah d’Alger, où il a vu le jour un 10 novembre 1941. En 1967, il grave un premier 45 tours, avec la collaboration fructueuse du compositeur Mahboub Bati. Cette complicité artistique se poursuivra et se concrétisera par un succès monumental avec Djah Rebbi, lequel ouvrira en grand à Chaou toutes les portes de la reconnaissance. Son chaâbi remodelé, vif et attrayant lui vaudront des engagements incessants. On lui a souvent reproché ses tendances pour les airs « légers » mais on oublie que cet artiste élégant, virtuose du mandole, reste, au fond, plus proche qu’on ne le croit des sources qui ont abreuvé le chaâbi. Chansons tristes ou gaies, ambiance de fête, emprunt à la tradition ibérique à travers Chehlat Layani, interprété autrefois par Luis Mariano et quelques grands d’Espagne, Chaou, avec un art, dont lui seul a le secret, nous parle directement au cœur sans négliger les hanches.
Né dans une famille d'artistes, Kamel Aziz, un des plus grands talents du « néo-chaâbi », malgré son jeune âge (il est trentenaire), a une longue carrière artistique dessinée, d’abord, au sein d'associations de musiques arabo-andalouses, telles que celle des Beaux - Arts d'Alger ou bien Es-Sendoussia. Au départ, il a été plutôt réceptif au blues-rock et au flamenco, et sur sa guitare, il jouait des grilles d’Eric Clapton et de Paco de Lucia. Ensuite, il s'est mis sur les rails de la musique classique algérienne, en apprenant à jouer de presque de tous les instruments, violon, mandole, oud, piano, qanoûn, rbab, et même derbouka. Par son sérieux et à force de répétition et de travail sans relâche, Kamel Aziz acquiert une grande maîtrise du mandole, dont il deviendra un virtuose d’exception, sans pour autant négliger le chant, puisqu'il développa sa propre voix. Les vrais connaisseurs ont vite reconnu en lui un digne héritier du légendaire Amar Ezzahi, le chanteur chaâbi encore et toujours admiré autant par les aînés que par la nouvelle génération.
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