Les collections du musée et leur histoire
Dans son projet initial, le musée de l’Institut du monde arabe a été pensé comme un musée d’art et de civilisation arabo-musulmane. Après la refonte du parcours de 2012, la présentation du musée est repensée pour offrir une vision plus dynamique et transversale qui se recentre sur le monde arabe, et remonte jusqu’à l’Antiquité.
Le parcours initial
Le parcours du musée initial s’articulait en trois séquences, avec pour point de départ la naissance de l’islam. Une présentation des arts de l’islam, considérés dans leur plus vaste extension territoriale, c’est-à-dire de l’Espagne à l’Inde, se prolongeait par une approche plus axée sur la vie en société dans le monde arabe et s’achevait sur la création arabe contemporaine.
La constitution des collections a suivi cette logique, avec des acquisitions progressives dans les domaines des arts de l’islam dès 1982 et de l’ethnographie en 1983. Les acquisitions en art contemporain du monde arabe suivent dans la foulée, dès 1985, dans une démarche pionnière en France et en Europe.
Un musée repensé
Après la refonte du parcours de 2012, la présentation du musée est repensée pour offrir une vision plus dynamique et transversale qui se recentre sur le monde arabe, et remonte jusqu’à l’Antiquité. Ce parcours chrono-thématique met l'accent sur les échanges culturels entre ses différentes régions et au-delà, tout en intégrant des thématiques contemporaines, notamment les enjeux politiques, sociaux et artistiques actuels. Les collections, toujours en expansion, reflètent cette évolution, et permettent aux visiteurs de découvrir une diversité d'œuvres, allant des objets archéologiques aux créations contemporaines.
Arts de l'islam
La collection d’arts de l'islam du musée de l’Institut du monde arabe a été fondée dès 1982, devenant ainsi la première collection du musée. Elle couvre une vaste zone géographique, dépassant les frontières du monde arabe pour inclure des œuvres issues de l’Espagne, de l’Iran, de l’Inde et de l’Asie centrale. Cette collection couvre également une large chronologie, s’étendant du VIIIe siècle à l’époque contemporaine.
Au fil des années, elle a été enrichie par des acquisitions sur le marché de l’art. Le concours de généreux donateurs qui ont depuis son origine soutenu le musée, Jean Soustiel à leur tête, ainsi que des legs, ont complété ces acquisitions. Celui de Marcel Destombes a doté en 1986 le musée d’un ensemble significatif d’instruments liés à l’étude et à la pratique de l’astronomie.
Le fonds d’arts de l’islam comporte aujourd’hui 665 pièces ou lots, recouvrant un panel large de matériaux et de techniques : céramique, métal, verre, pierre et stuc, ivoire, écaille, cuir, bois et mobilier, tissage et broderie, tapis, manuscrits et feuillets calligraphiés, miniatures et dessins, livres imprimés, monnaies, bijoux, instruments scientifiques, mosaïque, vitrail et objets composites.
Archéologie
La présentation actuelle du musée de l’Institut du monde arabe, inaugurée en 2012, traite du monde arabo-musulman dans le temps long en prenant son point de départ dans l’Antiquité. Pour les besoins de ce nouveau parcours, il était nécessaire de renforcer la collection par des dépôts d’œuvres de collections nationales et internationales. En 2011, l’obtention de l'appellation « Musée de France » permet l'intégration de dépôts de musées nationaux français, tels que le Louvre (départements des Antiquités orientales, des Antiquités grecques, étrusques et romaines, des Antiquités égyptiennes), le musée du quai Branly (unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient), le musée des Arts décoratifs et le musée Bible et Terre sainte, à Paris.
Des musées de pays membres fondateurs de l’Institut ont également été sollicités. Le visiteur peut ainsi découvrir des pièces inédites provenant du Musée national de Riyad (Arabie saoudite), du Musée national de Manama (Bahreïn) de même que des musées de Damas, Alep, Lattaquié et Palmyre, arrivées à Paris avant que les événements en Syrie ne rendent impossible tout mouvement d’œuvres. Sont également exposés des prêts tunisiens issus des musées de Carthage, de Kairouan, du Bardo et des Arts et traditions populaires de Tunis (Tunisie).
Ethnographie
Le musée de l’Institut du monde arabe a pour vocation de faire découvrir les sociétés du monde arabe à travers une riche collection d’objets du quotidien. Constituée entre 1983 et 1988, la collection d’objets ethnographiques a été renforcée par un don saoudien en 1998 à la suite d’une exposition. Majoritairement composée de dons gouvernementaux, elle présente des artefacts variés : objets liés à la préparation des repas et à l'hospitalité, parures et bijoux, instruments de métiers, mobilier nomade et sédentaire, instruments de musique, vêtements traditionnels et poupées de théâtre d’ombre (karagöz). Ces 338 pièces témoignent de la diversité et de la richesse des cultures du monde arabe.
Art moderne et contemporain
Constituer une collection d’art contemporain arabe était une des originalités du musée de l’Institut du monde arabe dès 1985. La collection rassemble alors des œuvres exécutées depuis les années 1920 témoignant de la diversité des courants, styles ou écoles dans l’ensemble des pays arabes. La diversité et l’actualité de la création dans le monde arabe sont à l’époque largement méconnues. La collection présente un panorama des deux premières générations d'artistes modernes, engagés dans un dialogue avec leur époque, à la croisée de multiples influences culturelles.
Depuis 2018, la Donation Claude & France Lemand enrichit cette collection moderne et contemporaine, qui comptait près de 700 œuvres. De nombreux autres grands artistes modernes et contemporains du monde arabe renforcent le noyau initial. La collection, désormais représentée par tous les médiums – peintures, sculptures, estampes, livres d’artistes, installations vidéographiques et photographies – inclut également des œuvres d'artistes issus de nombreux pays membres de la Ligue arabe, fondateurs de l'IMA, et compte près de 2600 œuvres. Grâce à cette donation, le musée de l’IMA se distingue comme le second lieu de conservation et de présentation de l’art moderne et contemporain arabe au monde après le Mathaf à Doha (Qatar).
Photographies
Le fonds photographique patrimonial de l’IMA se compose de 4 545 clichés, en cours d’intégration dans la collection du musée. Parmi ces clichés figurent 2 779 tirages et plaques de verre provenant du fonds ancien de la bibliothèque de l’IMA, datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Ces photographies, réalisées par des photographes renommés tels que Jules Gervais-Courtellemont, Marcelin Flandrin, Neurdein Frères, Alexandre Leroux, J.A. Garrigues, Pascal Sebah, Zangaki, Béchard, G. Lekegian, H. Arnoux, L. Fiorillo, et F. Bonfils, témoignent de l’époque et des régions qu’ils ont capturées. Ce fonds comprend également des clichés pris par des non-professionnels, militaires ou civils, présents dans ces régions à l’époque.
Datant des années 1930, le fonds photographique remarquable de 1 766 clichés du Français Jean Besancenot (1902-1992) acquis en 1984 offre un témoignage exceptionnel sur les communautés rurales du Maroc, notamment juives, aujourd’hui disparues. La photographie contemporaine est représentée dans la collection du musée dès 1998 avec le travail d’artistes comme Yto Barrada, Touhami Ennadre, Héla Ammar, Susan Hefuna et bien d’autres.