Le rucher de l'IMA fête ses sept ans
Tout est halluciné de Hyam Yared
Roman, Fayard, 2016
En partant d’un destin personnel, l’auteur brosse le portrait de la jeunesse du Proche-Orient, en pleins questionnements sur l’avenir, mais toujours « vivante et combattante ».
Mon père martelait sa foi comme s'il fallait qu'il s'en décharge. Il me noyait dans une histoire pamphlétaire avec des mots aussi compliqués que seldjou...sel...kide... sedjoukide. Il m'avait fallu quelques mois et plusieurs séances chez mon orthophoniste pour prononcer correctement les mots de notre quotidien. Au petit déjeuner, en restaurant une icône, en revenant de ses séances d'équitation, le soir avant de me coucher, mon père me répétait une liste d'événements en rapport avec Byzance, ses affres et sa magnificence.
Justine est élevée au Caire par un père qui refuse tout encrage dans la société égyptienne d’aujourd’hui et qui se réfugie dans les chimères d’un empire byzantin autrefois dominant dans la région. Refusant de s’exprimer en arabe avec sa fille, c’est en grec et en français qu’il s’adresse à elle poussant Justine à vivre en vase clos et entretenant un mystère sur ses origines libanaises ainsi que sur la personnalité de sa mère qu’elle n’a jamais connue. Mais c’est par sa tante, férue de littérature qui oriente ses lectures, que son désir d’émancipation va naître. Ses aspirations à la liberté font ici écho aux bouleversements politiques des états arabes et aux illusions parfois brisées des mouvements nationalistes de la région.
Un très beau portrait de jeune femme, servi par une belle écriture et où l’on sent toute la passion et la révolte de l’auteur contre les archaïsmes et les non-dits encore parfois à l’œuvre dans les sociétés arabes actuelles.
Roman – Tout est halluciné – Hyam Yared
Fayard, 2016, 436 pages, 20 €