Portraits
Publié le
par
Chloé Ghobril

“Un temps d'échange et de réflexion commune entre acteurs de l'enseignement de l'arabe est indispensable !”

Entretien avec Nisrine Al Zahre

Entretien avec Nisrine Al Zahre, directrice du Centre de langue et de civilisation arabes de l’Institut du monde arabe et initiatrice d'EDIMA, l’Ecole d’automne dédiée à la didactique de la langue arabe, dont la première édition se tiendra du 23 au 27 octobre 2023.

Nisrine Al Zahre dirige depuis septembre 2021 le Centre de langue et de civilisation arabes de l’IMA. Après un doctorat en sciences du langage et un parcours à l’Université Paris VIII-Vincennes-St-Denis – parcours auquel elle doit une bonne part de ses orientations futures –, elle enseigne les sciences du langage et la traduction en Syrie, à l’Université de lettres de Homs et à l’Institut supérieur de traduction et d’interprétation de Damas. En 2014, elle est de retour à Paris, d'abord comme maitre de conférences invitée à Paris VIII puis, en 2016, comme maitre de langue à l’EHESS. Elle est par ailleurs traductrice et la cofondatrice du site syrien al-Jumhuriya.net.

Nous souhaitons apprendre et faire apprendre des pratiques pour la classe, des approches didactiques et les enrichir de nos échanges.

D'où vous est venue l'idée de l'École d’automne ?

Quand on évoque les multiples difficultés que rencontrent les apprenants et les enseignants de la langue arabe, une remarque revient régulièrement s'agissant de la formation des enseignants et de la mise à jour de leurs connaissances :  il manque de ressources pédagogiques et didactiques de la langue arabe, et les enseignants comme les méthodes d'enseignement sont isolés chacun dans leur aire culturelle, sans possibilité de mise en commun.
L’École d’automne exprime la volonté du CLCA d'instaurer une rencontre annuelle lors de laquelle puissent être posées toutes les questions auxquelles sont confrontés les enseignants d'arabe. Un temps de réflexion commune sur leurs pratiques et sur les problématiques auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Or, ces problématiques touchent à différents domaines, et notamment au politique, particulièrement dans le contexte français. En faire un objet d'étude est le meilleur moyen de neutraliser cette charge socio-politique.
Second objectif, purement pratique : nous souhaitons apprendre et faire apprendre des pratiques pour la classe, des approches didactiques et les enrichir de nos échanges, mais aussi nous ouvrir à ce qui existe en dehors des traditions de l’enseignement de l’arabe, au niveau national français.
L’idée d’une « école » est symbolique. « L’école » est durable, annuelle, humble dans le sens où rien n’y est définitif ou acté, mais que tout y est collectif. Nous avons souhaité la tenir pendant les vacances de la Toussaint pour permettre à un large public d’enseignants d’y assister. 

En quoi votre parcours académique, puis le poste de directrice du Centre de langue que vous occupez aujourd'hui, vous ont-ils aidée à repérer les lacunes dont souffre l'enseignement de la langue arabe ?

Je dois à ma formation académique d'avoir pu verbaliser les problématiques que j'ai rencontrées – en tant qu’enseignante de français langue étrangère et, à un moment donné, d'arabe langue étrangère – et d'avoir pu les traduire en empruntant les termes de la sociolinguistique et de la linguistique formelle.
Mais ce qui m'a avant tout permis d'identifier le besoin le plus pressant – à savoir : la standardisation du niveau de formation des enseignants –, c'est ma propre pratique et le fait d'échanger avec d’autres enseignants de l’arabe, et surtout avec des apprenants allophones de l’arabe, ou ayant l’arabe comme langue d’héritage. Je dois à mon expérience professionnelle et à ma formation d'avoir pu repérer les spécificités de l’arabe parlé, appris et enseigné dans un contexte diasporique, en dehors du monde arabophone, avec tout ce que cela représente en termes de diversité des communautés arabophones, de dynamiques entre celles-ci ainsi qu’entre ces communautés et le cadre institutionnel officiel de l’enseignement de cette langue comme langue étrangère.

Le premier enjeu est de faire naître une synergie entre acteurs de l’enseignement et de la certification de la langue arabe pour déboucher sur l'élaboration de projets et de cadres communs.

Quels sont, selon vous, les enjeux d'EDIMA ? Quelle est votre vision à long terme ?

Le premier enjeu est de faire naître une synergie entre acteurs de l’enseignement et de la certification de la langue arabe pour déboucher sur l'élaboration de projets et de cadres communs. Notre ambition est de fédérer des groupes de travail réunissant différentes institutions afin de créer des cadres de référentiels. L'adaptation du cadre européen pour l’arabe, par exemple, est encore loin d’être au point et capable d'intégrer toutes les spécificités de l’arabe dans sa diversité. Voilà un beau projet, qui pourrait prendre forme en cumulant ces rencontres régulières, mais il y en a bien d’autres, sans aucun doute. Chacun des participants apporte avec lui l'expérience de son propre contexte.
Une autre ambition serait de découvrir et faire découvrir des expériences, recherches et pratiques dont nous n’avons pas connaissance à travers un appel ouvert pour susciter des publications. Enfin, à destination des praticiens de l'enseignement, nous aspirons à créer une archive sonore (et, si nos moyens nous le permettent, audiovisuelle) de ces rencontres à fort potentiel formateur.

Quels seront les grands termes abordés ?

La première édition d'EDIMA va durer cinq jours, à raison d’une conférence ou table ronde le matin et de deux ateliers pratiques, au choix, l’après-midi. Le thème principal est cette année celui de l’enseignement intégral de l’arabe, incluant l’arabe standard et l’arabe dialectal enseignés en même temps. Mahmoud Al Batal et Frédéric Lagrange donneront le tempo avec leurs deux conférences le premier jour autour de cette thématique, puis le même thème sera repris par la suite par d’autres conférenciers.
Deuxième thème de cette édition : le choix du contenu – en d'autres termes, la construction du cursus. Différents enseignants et responsables de programme de l’enseignement de l’arabe d’horizons institutionnels différents interviendront à ce sujet, venus des Etats-Unis, des Emirats, du Liban, de l'Institut français du Caire, de l'Université de Leipzig, de Qatar Foundation International, de l'Ifpo, de Georgetown Doha, de Zayed University, etc. Enfin, n'oublions surtout pas une troisième thématique, essentielle pour l'IMA : celle de la certification – CIMA est l'une des rares certifications internationales de la langue arabe. Nous aborderons ce sujet à travers la comparaison avec d’autres certifications et dans une perspective de retour d’expérience qui nous permettra de restituer et capitaliser dans ce domaine.

Que diriez-vous aux acteurs de la langue arabe pour les engager à participer à cette rencontre ?

Avant tout : venez nombreux ! Dans le domaine de l'enseignement de l'arabe, l'occasion de discuter de vive voix entre collègues se fait rare. EDIMA est un moment d’échange, d’apprentissage et d’enrichissement, et une occasion unique de rappeler que les acteurs de la langue arabe sont tous confrontés aux même problèmes, auxquels ils peuvent, ensemble, apporter des solutions.

ولادة مشروع واعد

مقابلة مع السيدة نسرين الزهر، مديرة مركز اللغة والحضارة العربية في معهد العالم العربي.

 سعت نسرين الزهر لتنفيذ فكرة المدرسة الخريفية لطرائق تدريس اللغة العربية لغير الناطقين بها. ستمتد المدرسة بين يومي 23 و27 أكتوبر/تشرين الأوّل الماضي وستضم جمعاً من المشتغلين والباحثين في تعليم اللغة العربية على نطاق دولي.

 تدير نسرين الزهر مركز اللغة والحضارة العربية منذ سبتمبر 2021. بعد حصولها على درجة الدكتوراة في العلوم اللغوية من جامعة باريس الثامنة، سان دوني، التي طبعت تكوينها الفكري والعلمي، رجعت لتدرّس في سوريا اللسانيات والترجمة، في كلية الآداب في جامعة حمص أولاً ومن ثمّ في المعهد العالي للترجمة والترجمة الفورية في دمشق. عام 2014 انتقلت مجدداً إلى باريس كأستاذة مساعدة زائرة في جامعة باريس الثامنة، وفي عام 2016 أصبحت أستاذة لغة في المدرسة العليا للعلوم الاجتماعية. عدا ذلك هي مترجمة وشاركت في تأسيس موقع الجمهورية.نت السوري.  

ما تعكسه المدرسة الخريفية هو إرادة مركز اللغة والحضارة العربية بترسيخ لقاءٍ سنوي حيث تُطرح جميع الأسئلة التي تشغل مدرسي اللغة العربية، فرصة يفكرون خلالها معاً بممارساتهم الصفية وبالإشكاليات التي تواجههم يومياً.

كيف نشأت لديك فكرة المدرسة الخريفية؟

من بين التعقيدات العديدة التي يطرحها تعليم اللغة العربية، هناك عنصر كثيراً ما يتكرر إيراده وهو الحاجة الدائمة لتأهيل المدرسين وتحيين معلوماتهم والنقص كذلك في المصادر التربوية ومصادر لطرائق التدريس إضافة إلى عزلة المدرسين أحياناً كثيرة ضمن تقاليد وثقافات تعليمية لا تتقاطع أو تتشارك الكثير. وبالتالي ما تعكسه المدرسة الخريفية هو إرادة مركز اللغة والحضارة العربية بترسيخ لقاءٍ سنوي حيث تُطرح جميع الأسئلة التي تشغل مدرسي اللغة العربية، فرصة يفكرون خلالها معاً بممارساتهم الصفية وبالإشكاليات التي تواجههم يومياً. تتنوع إشكاليات تعليم العربية وعلى عدة مستويات من بينها السياسي وخاصة في السياق الفرنسي، أن نجعل من هذه الإشكاليات موضوع تفكير هو نزع لأي شحنة اجتماعية سياسية، إلا أن هناك هدف عملي صرف، وهو أننا نريد أن نتعلم ونعلّم الممارسات الصفيّة في تعليم اللغة العربية، ونريد إثراء كل هذه المقاربات من خلال النقاشات ونريد الانفتاح على ما هو خارج الفضاء الفرنسي في هذه المجال. 

فكرة " المدرسة" لها بعد رمزي، "المدرسة" تعريفاً مستدامة، سنوية، متواضعة بمعنى أن لا شي فيها منتهي أو حتمي أو مطلق، وهي قبل كل شي جماعية. أردنا تنظيمها في هذه الفترة وهي فترة عطلة سنوية في النظام الدراسي الفرنسي، وذلك كي يتاح للمدرسين فرصة التفرغ وحضور المدرسة خارج أوقات صفوفهم.


 لك مسارك الجامعي والتدريسي الطويل وتديرين حالياً التعليم في مركز اللغة والحضارة العربية، هل ساعدك ذلك على تحديد الحاجات الملحّة في مجال تعليم اللغة العربية؟  

لا بد أن تكويني الجامعي ساعدني على الاشتباك النظري مع الإشكاليات العملية التي صادفتها كمدرّسة، مدرّسة للفرنسية كلغة أجنبية، وفي لحظة ما من حياتي المهنية مدرّسة لغة عربية كلغة أجنبية، هذا مكنني من "ترجمة" تعقيدات اللغة العربية باستعارتي للغة ومصطلحات الألسنية الاجتماعية واللسانيات العامة، إلا أن الأهم من كل ذلك هو أن التجربة العملية والاستماع لمدرسين آخرين ومتعلمين للغة العربية غير ناطقين بها أو ممن تكوّن العربية لديهم إرثاً عائلياً، سمحت لي أن أحدد الأهم في برامج تعليم اللغة العربية ألا وهو معيرة جودة تكوين المدرسين, تجربتي الشخصية وتكويني سمحا لي كذلك أن أرى خصوصيات العربية المتحدثة والمتعلمة والمدرّسة في سياق شتاتي، خارج العالم الناطق بالعربية بكل ما يمثله ذلك على مستوى تنوع المجتمعات الناطقة بالعربية في هذا السياق، والديناميات التي تنشأ فيما بينها من جهة وبينها وبين الإطار المؤسساتي الرسمي لتعليم هذه اللغة كلغة أجنبية من جهة أخرى. 

الرهان الأساسي هو قبل كل شيء خلق تفاعل ودينامية تبادل بين المشتغلين في تعليم اللغة العربية وفي امتحاناتها المعيارية، مما من شأنه توليد مشاريع وأطر تعاون

ما هي برأيك رهانات المدرسة الخريفية؟ وما هي نظرتك بعيدة المدى في هذا الشأن؟  

الرهان الأساسي هو قبل كل شيء خلق تفاعل ودينامية تبادل بين المشتغلين في تعليم اللغة العربية وفي امتحاناتها المعيارية، مما من شأنه توليد مشاريع وأطر تعاون. لدى مركز اللغة والحضارة في المعهد طموح أن يجمع فرق عمل بين عدة مؤسسات لتعليم اللغة العربية خارج العالم العربي، أقصد في أوربا، لخلق مرجعيات وأدبيات في هذا المجال. على سبيل المثال: أقلمة الإطار المرجعي الأوروبي للغة العربية، فهو مازال بعيداً عن خصوصيات العربية وتنوعاتها، هذا مشروع مهم يمكنه أن يرى النور عبر معاودة هذه اللقاءات ومراكمة مخرجاتها. لم يكن هذا إلا مثالاً، ولكن هناك الكثير من المشاريع الأخرى. كل مشارك أو محاضر يأتي بتجربته الخاصة. لدينا طموح آخر وهو التعرف على تجارب لا علم لنا بها، وذلك عبر فتح باب ترشيح الأوراق البحثية. وأخيراً لدينا طموح أن نخلق أرشيفاً قابلاً لأن يطّلع عليه المهتمون، قد يأخذ شكل التسجيلات الصوتية للمحاضرات، وإن تمكنّا وسنح لنا الوقت قد يكون أرشيف فيديوهات. 

هل لك أن تعطينا فكرة أوضح عن الثيمات الكبرى التي ستتناولها المدرسة الخريفية؟  

ستمتد أعمال المدرسة لخمسة أيام، مؤلفة من محاضرات صباحية وورشتي عمل بعد الظهر، يختار منها الحضور واحدة. الثيمة الأساسية لهذا العام هي تدريس اللغة العربية بشكل تكاملي يدمج العامية/العاميات مع تعليم الفصحى. سيفتتح محمود البطل وفريديريك لاغرانج المدرسة بهذه الثيمة، ولكن محاضرين آخرين سيتناولون هذا الموضوع أيضاً. تصميم المحتويات التعليمية هو الثيمة الثانية الحاضرة بقوة في المدرسة، سيعرض عدة مدرسين ومسؤولي برامج تعليم العربية في هذا الموضوع، وهم آتون من مؤسسات وتقاليد مختلفة، من الولايات المتحدة ومن مصر ومن فرنسا ومن ألمانيا والإمارات العربية المتحدة وقطر، إلخ. الامتحانات المعيارية هي ثيمة ثالثة حاضرة، خاصة أننا من المعدّين القلائل لامتحان معياري لقياس كفاية اللغة العربية، "سمة". سنتناول الموضوع عبر منظور مقارن مع امتحان آخر يعدّه زملاؤنا الألمان في جامعة لايبزخ، وكذلك عبر منظور استعاديّ لتجربتنا وما رصدناه من ملاحظات في امتحان سمة. 

 ما الذي يمكن أن تقوليه لتشجيع من يعمل في تدريس اللغة العربية على المشاركة وحضور هذا الملتقى؟  

سأقول قبل كل شيء تعالوا من دون تردد وتعالوا بكثرة! إن فرصة التلاقي والنقاش بين زملاء هذا الحقل اصبحت نادرة. هي فرصة تعلم وإغناء وهي فرصة نطمئن فيها حين ندرك أن مشاكلنا تتشابه وأننا نستطيع إيجاد حلول معاً، من أهم ما يمكن فعله في عصرنا السائل الحالي، حيث يسرق منا الوقت بعنف، هو الاجتماع مع الآخرين والتحدث.

Autres Portraits

Interview with Nizar Habash

مقابلة مع حنان خليفة