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Shakespeare à Casablanca
Ou comment dire « Je t'aime » en darija
Mardi 27 février 2018, auditorium de l'Institut du monde arabe. Au programme, la projection du documentaire « Shakespeare à Casablanca » de Sonia Terrab. « Shakespeare El Bidaoui », de son titre original, est le premier épisode d’une série documentaire consacrée à l’amour. Tourné en darija, l'arabe dialectal marocain, un film traversé par un vent d'optimisme, portrait d'une jeunesse qui fait bouger les lignes.
En darija, le dialecte marocain, on dit « kanbghik », ce qui signifie je te désire. Mais qu’il n’existe pas de mot pour dire je t’aime.
Le temps d’un été
Caméra en main, la journaliste et romancière Sonia Terrab questionne l’amour, son langage et Casablanca. Cette ville longtemps détestée par la réalisatrice s’illumine dans le film. A travers ses yeux, nous suivons l’itinéraire d’une jeune troupe de théâtre, Al Jouk El Bidaoui, ayant pour ambition de jouer Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Le metteur en scène de la pièce, Ghassan El Hakim veut rendre hommage au dramaturge anglais à l'occasion des quatre cents ans de sa mort. Un projet qui va se nourrir d’interactions avec les habitants de Casablanca et prendre toute sa profondeur en brisant le quatrième mur qui sépare la fiction du réel.
Comment dit-on je t’aime ?
Cette question à l’origine du documentaire est loin d’être naïve et en constitue le véritable fil rouge. Les comédiens nous expliquent que pour dire « Je t’aime » en darija, le dialecte marocain, on dit kanbghik, ce qui signifie je te désire, mais qu’il n’existe pas de mot pour dire je t’aime. La troupe de théâtre va tenter d’affronter cette pudeur et de redonner du sens à l’amour, trop souvent moqué, dénigré et mal-aimé. On rit, on est surpris, mais aussi ému. Les rues casablancaises sont autant de scènes de jeu à exploiter et les Casablancais autant d’acteurs qui ne demandent qu’à s’exprimer.
Ode à l’amour
Le film dépeint une certaine schizophrénie marocaine où l’amour est honteux, mais où l’amour est partout. La réalisatrice ponctue son itinéraire d'images de couples s’enlaçant ou se tenant par la main et de murs tagués de messages d’amour. Ce documentaire fait le portrait d’une jeunesse, en grande partie issue des quartiers populaires, qui ose et fait bouger les lignes. Un vent d’optimisme et un élan d’amour rayonnent de ce film. Sonia Terrab nous offre une véritable déclaration d’amour qui l’a réconciliée avec cette ville mais aussi avec elle-même.