Le rucher de l'IMA fête ses sept ans
Médée chérie
de Chasmine Chami
Yasmine Chami vient de faire paraître chez Actes Sud son dernier roman, « Médée chérie ». Elle y revisite son thème de prédilection : la femme esseulée après la mort de l'amour. Vous qui êtes épris de classiques et d’écrits cathartiques, ce texte est pour vous ! Laissez-vous emporter par ses longues phrases somptueuses et ses descriptions qui plongent le lecteur dans le tréfonds des tourments de l'âme…
L’amour ne s’en va pas, ce sont les fous qui partent, ou les morts. Qui peut quitter l’amour vivant ?
Après Mourir est un enchantement, mentions spéciale 2017 du Prix de la littérature arabe IMA-Fondation Jean-Luc Lagardère, Yasmine Chami marque ce début d'année avec la publication de Médée chérie. A travers l’histoire de Médée, Yasmine s’aventure dans l’obscurité d’un corps qui se déconstruit et d’une âme prise dans le piège d’un choc insurmontable, celui de la perte subite d’un être cher…
Médée est sculpteur. Ismaïl est chirurgien. Ils sont mariés depuis trente ans. En route pour Sydney, et durant l’escale à Paris, il s’est absenté. Une absence qui semble dépasser la barrière du temps pour s’évaporer dans une dimension inconnue. Elle semble s’éterniser. Effectivement, Ismaïl a abandonné sa femme. Cet abandon était pourtant perceptible à travers les rêves prémonitoires de Médée et la présence constante de la figure mythologique de Cerbère qui la dévore et hante ses nuits.
Un choc suivi par un renoncement total au mal. Son corps se désintègre, son âme est endolorie. En taillant les pierres, elle découvre à travers la sculpture la fragilité des relations humaines et les liens éphémères qui lient les êtres vivants. Trente ans de vie conjugale et d’amour, que Médée a cru être éternels, sont brisés entre deux vols. Comment souder les miettes de son âme ? Comment percevra-t-elle désormais ce corps brisé, délaissé ? L’amour filial saura-t-il panser ses plaies et consoler la mère en elle ? La sculpture est-elle l’exorcisme de son mal ou l’ultime enfermement de son âme dans la douleur ?
Médée chérie rappelle le terrible abandon de Camille Claudel par Rodin, et la fascinante mélancolie qui transparaît à travers sa sculpture L’âge mûr, double allégorie du temps qui file et de la passion achevée par l’abandon ; une métaphore de l’enchevêtrement des tourments et du dépassement. Médée, comme Camille, nous présente l’art, et précisément la sculpture, comme une thérapie : la reconstruction d’une psyché en miettes.
Yasmine Chami
Née en 1966 à Casablanca, Yasmine Chami poursuit ses études supérieures au lycée Louis le Grand à Paris, avant d'intégrer l'Ecole Normale Supérieure Ulm en philosophie. Elle est également agrégée de sciences sociales. Elle se tourne ensuite vers l'anthropologie et travaille sur les lignées de femmes migrantes, remontant les généalogies et les histoires de la France vers le Maroc, dans une tentative d'élucidation des conséquences de la migration sur les représentations de la maternité et de la filiation. Elle publie son premier roman Cérémonie en 1999 chez Actes Sud. De retour au Maroc, elle y dirige la Villa des Arts de Casablanca avant de fonder et diriger pendant dix ans une entreprise de production audio-visuelle qui propose à travers des émissions sociales diffusées par la télévision marocaine une compréhension des enjeux des évolutions de la société marocaine liées à l'urbanisation. Depuis 2011, elle se consacre à l'enseignement. (Source : Actes sud)