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Publié le
par
Brigitte Nérou

Les expositions de l'IMA s'exportent à l'international

« Trésors de l'islam en Afrique », à Rabat à partir du 17 octobre 2019

Depuis quelques années, l'Institut du monde arabe présente ses expositions dans le monde entier. Après « Cités millénaires » à Riyad et la 2e Biennale des photographes du monde arabe contemporain à Sao Paulo, c'est « Trésors de l'islam en Afrique » qui prend ses quartiers à Rabat à partir du 17 octobre 2019. Entretien avec Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du département des expositions à l'IMA.

L'exposition « Trésors de l'islam en Afrique » avait été présentée par l'IMA à son public parisien du 14 avril au 30 juillet 2017. Elle avait été très appréciée du public (plus de 50 000 visiteurs !) et par le roi du Maroc, qui avait souhaité l'accueillir. Fruit de dix-huit mois de travail, et grâce à un partenariat avec l'Académie royale du Maroc, le ministère marocain de la Culture et la Fondation nationale des musées du Maroc, le projet s'est concrétisé : l'exposition, revisitée et adaptée à son nouveau public, ouvre ses portes à Rabat en octobre prochain.

Une bonne partie du travail est à refaire : recontacter chaque propriétaire d'œuvre, renégocier chaque contrat… Ce qu'on gagne, c'est le travail scientifique, déjà effectué en amont, ainsi que le repérage des œuvres.

Est-ce compliqué de remonter une exposition ? Quelles difficultés spécifiques rencontre-t-on ?

Avant tout, il faut s'assurer que l'exposition peut s'exporter, notamment que les œuvres peuvent voyager. Même chose pour le parcours : peut-on reprendre exactement le même, alors qu'il a été conçu pour un public donné – en l'occurence, un public français ? Puis une bonne partie du travail est à refaire : recontacter chaque propriétaire d'œuvre, renégocier chaque contrat de prêt (iconographie…) et d'assurance. Ce qu'on gagne, c'est le travail scientifique, déjà effectué en amont, ainsi que le repérage des œuvres.
Dans ce cas précis, il a fallu repenser complètement l'exposition pour qu'elle s'adapte à un public marocain, et parce que le Maroc a décidé d'éclater l'exposition entre trois lieux différents à Rabat : le musée d'Art moderne et contemporain Mohammed VI, Bab Rouah et Bab El-Kébir. Le pacours principal est installé au musée, Bab El-Kébir est dédié à l'archirecture, et Bab Rouah aux confréries soufies.

En quoi a consisté l'adaptation au public marocain ?

Nous avons souhaité évoquer davantage le rôle du Maroc et présenter des œuvres venant des collections marocaines. Un travail d'identification de ces nouvelles œuvres a donc été nécessaire. En revanche, aucune des œuvres initiales n'a été écartée – celles qui ne figurent pas dans cette nouvelle mouture de l'exposition le sont pour des raisons pratiques : œuvres impossibles à transporter car trop fragiles, prêts extrêmement coûteux…

Qui s'est chargé de ce travail ?

Il a fallu recruter une équipe spécifique de deux personnes à temps plein, qui ont travaillé dix-huit mois sur ce redéploiement. Elles ont œuvré avec un comité scientifique franco-marocain d'une dizaine de personnes, réunissant des historiens, historiens de l'art, anthropologues…, qui avaient déjà travaillé sur le projet initial parisien et des universitaires marocains liés à l'Académie royale du Maroc.

L'idée : rendre visible au Maroc le travail effectué par l'IMA à travers une exposition grand public, qui peut toucher aussi bien les scolaires que les familles.

Avez-vous conservé la scénographie d'origine ?

Nous avons travaillé avec les mêmes scénographes. En revanche, ceux-ci ont eu à réadapter le parcours dorénavant éclaté en trois lieux. Mais nous avons conservé le même principe scénographique, la même gamme chromatique et le même type de vitrine, par exemple. Mais celles-ci ont toutes été refabriquées, ce qui coûtait moins cher que de transporter les vitrines d'origine ; et a permis en outre de faire travailler des entreprises locales.

Et les textes ?

Ils ont également été revus : la question de l'islam en Afrique demande à être davantage explicitée à un public parisien que marocain, qui vit de l'intérieur cet islam africain.

Quel intérêt alors pour un public marocain, puisqu'il vit l'islam africain de l'intérieur?

L'exposition ouvre cette thématique sur tout le continent. Concernant l'Afrique de l'Est ou la côte swahilie, ce public n'en connaît guère plus qu'un public français. Et surtout, elle permet d'expliquer de façon plus large des notions déjà connues : ainsi, dans cette version marocaine, la thématique soufie a été particulièrement creusée, notamment avec le pèlerinage à Fès de la confrérie Tijane.

Quel retour attendez-vous de cette opération ?

L'idée est de rendre visible, au Maroc, le travail effectué par l'IMA à travers une exposition grand public, qui peut toucher aussi bien des scolaires que des familles. Car, rappelons-le, les expositions de l'IMA sont ouvertes à tous les publics. C'est notre savoir-faire que nous exportons ainsi. Par ailleurs, ce type d'opération nous permet de travailler en collaboration avec des professionnels locaux, dans tous les domaines : scientifiques, entreprises, institutions…

D'autres grands projets à venir ?

Nous avons dernièrement signé un accord pour installer « Cités millénaires » en Allemagne, à la Kunsthalle de Bonn. L'exposition ouvrira ses portes fin août 2019. Et nous sommes en négociation pour sa présentation aux Etats-Unis. Dorévanant, toutes nos expositions sont pensées pour leur circulation à l'international : il faut voir grand !

«Trésors de l'islam en Afrique », à Rabat du 17 octobre 2019 au 25 janvier 2020.

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