Interview with Nizar Habash
Jérémie Herrbach, vainqueur du Tremplin jeunes graphistes IMA 2016
Un graphiste sur un petit nuage
Il a gagné ! Jérémie Herrbach, alias AirBich, est le lauréat du premier Tremplin jeunes graphistes organisé par l’Institut du monde arabe : c’est son visuel qui a été retenu pour réaliser l’affiche de l’exposition «Aventuriers des mers. De Sindbad à Marco Polo ». Autoportrait.
La difficulté pour l’affiche des «Aventuriers des mers»? Parvenir à combiner les différentes attentes énoncées dans le briefing : ressentir le vent de l’aventure, réaliser une affiche immersive, viser un public familial, éviter les clichés orientalisants, alors que l’iconographie à disposition n’était pas évidente à exploiter.
AirBich
J’ai donc essayé de m’inspirer des miniatures persanes pour la créature, des boutres omanais pour le bateau, tout en créant une illustration originale se détachant des œuvres de l’exposition. Pour coller au thème, je me suis tout de même surtout inspiré du parcours de l’exposition : la peur et la fascination pour la mer avec la créature, la science de la navigation avec le boutre et les constellations.
Je n’arrive toujours pas à croire que ma proposition a été retenue. Je crois que je ne vais pas réaliser avant de voir l’affiche déployée sur la façade de l’IMA. ça va être le choc !
Apprentissages
J’ai commencé à étudier le dessin à L’Institut supérieur des arts appliqués (Lisaa) de Strasbourg, dont je suis originaire. J’ai ensuite entamé un cursus en illustration/animation à l’école Pivaut, à Nantes, que j’ai malheureusement dû arrêter pour des raisons financières. Pendant deux ans, j’ai voyagé dans différents pays, et c’est seulement à mon retour que j’ai souhaité reprendre une formation. Pour développer mes compétences techniques et ma maîtrise des logiciels, j’ai effectué une formation à l’Afpa où j’ai obtenu mon diplôme en graphisme.
Hip-hop et gravures anciennes
AirBich
Mon inspiration vient en grande partie de la culture urbaine, plus précisément de la culture hip-hop qui me passionne. J’admire notamment Nairone, Tyrsa ou encore C215. Je puise aussi mon inspiration dans le cinéma, ou encore le tatouage.
J’ai commencé une série d’illustrations sur planche de skateboard. J’aime aussi beaucoup reprendre des photographies ou des gravures anciennes pour dessiner par dessus des motifs et des lettrages très contemporains, en décalage. Il est vrai que la typographie manuscrite m’intéresse presque autant que l’illustration.
Dans un futur proche, j’aimerais me former à l’animation, afin de mettre en mouvement mes illustrations. Encore faut-il trouver le temps !
L’homme au papier-crayon
AirBich
Passionné depuis tout petit par le dessin, c’est naturellement que je me suis dirigé vers le graphisme pour en faire mon métier. Une passion familiale : mon père, dessinateur presse (et grand dévorateur de BD) m'a transmis le coup de crayon. Mon support préféré restera toujours la feuille de papier. Que ce soit pour la création d’un logo, d’une affiche ou d’une illustration, je passe automatiquement par la phase croquis/papier avant d’attaquer à ordinateur.
Penser collectif pour faire son chemin
On donne aujourd’hui beaucoup de responsabilités aux graphistes, qui doivent être de plus en plus polyvalents : illustrateurs, typographes, et même parfois photographes.
Par ailleurs, le monde du graphisme n’est pas des plus faciles : c’est un métier très prisé et la concurrence est forte. De plus, notre statut freelance fait de nous des travailleurs peu protégés.
Après mes études je me suis installé à Paris et me suis rapidement mis à mon compte. Jusqu’à maintenant, c’est le bouche à oreille qui me permet de m’en sortir, un projet pour une connaissance en appelle un autre. Les choses vont mieux depuis qu’avec des amis vidéastes, photographes, web designer nous avons monté le collectif Table Basse, www.tablebasse.co. Ce collectif permet à tous d’avoir plus de visibilité et de pouvoir construire des projets communs.