Regards
Publié le
par
Haïfa Braïki

Famille nombreuse

De Chadia Chaïbi Loueslati

« Famille nombreuse » est un roman graphique, le premier de Chadia Chaïbi Loueslati. Une œuvre autobiographique, pleine de légèreté de d’autodérision, où le soleil tunisien déflore la grisaille parisienne…

Le daron était chargé du sacrifice du mouton selon le rite musulman. […] Nous n’assistions pas au rituel du sacrifice. Toutefois, nous observions Omi aller et venir les mains chargées de bassines qui contenaient ce qui restait de notre animal de compagnie. A la vue du mouton en pièces détachées, je me suis juré de ne JAMAIS le manger. Après tout il avait fait partie de notre famille…

Après des études de droit, Chadia Chaïbi Loueslati a travaillé dans le domaine de la publicité avant de se convertir à l’illustration.

Dans Famille nombreuse, tout commence en 1966 à Radès, une banlieue du nord de Tunis, lorsque le père, le « daron », apprend qu’il va pouvoir aller travailler en France. La suite ? Un doux tourbillon rocambolesque, riche de ventres ronds et de cris de nouveau-nés… D’autant que, si les journées peuvent encore paraître simples à gérer pour qui a deux voire trois bouches à nourrir, les choses se compliquent lorsqu’il y en a douze ! A l’espace vital réduit à la portion congrue, aux caractères diamétralement opposés, aux souhaits irréalisables et aux jalousies innocentes s’ajoute le dépaysement qui suit la découverte des particularités d’une nouvelle culture.

L’inévitable organisation minutieuse de la moindre activité du quotidien permet d’appréhender les difficultés à surmonter pour une famille immigrée nombreuse. Mais ici, ni victimisation ni apitoiement, et aucune revendication quelle qu’elle soit : ces obstacles sont autant de prétextes pour rire à gorge déployée. Et entre habitudes culinaires traditionnelles et linguistique laborieuse, ce roman n’entend pas camoufler les caractéristiques les plus « cliché » attachées aux Maghrébins fraîchement installés en France. Mais il les expose de manière intelligemment caricaturale, sans mépris ni rabaissement.

On perçoit dans ce premier opus l’influence graphique de Persepolis, la désormais célèbre bande dessinée autobiographique de Marjane Satrapi. Ici, le noir et le blanc sont illuminés par un jaune éclatant comme le soleil de Tunisie, et comme la gaieté des dialogues qui rythment le quotidien de cette Famille nombreuse décidément bien attachante…

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