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Au milieu des choses (in media res)
Photographies d'Anne-Françoise Pelissier
« Au milieu des choses (in media res) », exposition de photographies d'Anne-Françoise Pelissier, est à découvrir à Arles, du 1er au 27 juillet 2019, dans le cadre de la 24e édition du Festival Voies Off. Un hommage à la Syrie, sous la forme d’un carnet de voyage épinglé de souvenirs, de sensations et de poésies…
Après une formation à l'École nationale supérieure Louis Lumière, Anne-Françoise Pelissier évolue dans un monde visuel proche d’une esthétique-frontière entre reportage et expression artistique. Elle travaille pour des magazines nationaux et internationaux. Sous le titre Au milieu des choses (in media res), elle présente cette année, au Café Georges, une vision singulière de la ville d'Alep, elle y a vécu. Ses photographies sont les témoignages uniques de ce qui fut.
La forme est celle d’un carnet de voyage plastique et protéiforme épinglé de souvenirs, de sensations, de poésies avec la présence ombrée dans le salon de musique du grand musicien de qanun : Julien Jâlal Eddine Weiss. L’exposition lui rend hommage, tout comme à la Syrie : ce territoire de « l’Absurdie ». L’installation est accompagnée d’un texte référence de Géraldine Bloch (extrait de la revue Caméra) et d’une prose libre de Syrine Krichen.
Avec le soutien de l'association Fontaine obscure
Alep (Archéologie d’une mourante) | Poème de Syrine Krichen
Alep, ville d’ailleurs, ville d’un lointain, de l’avant ou d’un plus tard, mais jamais celle du blanc sali de noir, Alep ne sait être grise.
Alep, ruelles, mosquées, souks, enluminures sacrées, palais discrets, foules, regards des fous, couleurs d’antan, ville des vents, des dynasties, des souffrants et des régnants.
Alep, foisonnements, sueurs fruitées, sucre croquant, coursives et habitants, volutes de thé, sagesses multiples, essence des amours, amour mon amour, langues pensantes, langues réfléchissantes.
Alep, l’horizon, en rythme, s’éloigner, reprendre souffle, et se blâmer d’être devenue, automnes, printemps pluvieux puis hivers n’en finissant plus d’hurler.
Alep, oiseaux précieux et flammes, lustres filigranes, étoffes sourdes, heurts, fissures et plaintes puis du tréfonds arriver les sanglants.
Alep et trois voix se mêlent aux chants,
Alep apaisée,
Alep le reniement.
Alep en trois accords : l’univers, ses saints, et ses cousins,
Alep parfums, vins liquoreux, rouges dominants, Oud exsangue, Kanoun vibrant et derviches stagnants,
Alep du haut des toits.
Alep au minaret des seuils,
Alep et ses enfants,
Alep rire les femmes.
Alep, homme par delà les barbes-violences, les voiles et les leurres, et les tyrans presque mourants.
Alep, louée, mais les contre-anges épient toujours et unis s’opposent à toutes beautés.
Alep, Habibti, les notes, tes dièses, les cordes pincées, les sons, tes théurgies, les flux, le rayon des soleils, le mal derrière le bien, le bien derrière le mal, qui sont les encore-vivants.
Alep, Meskina, ciel de feu, ciel des cieux, firmament des proses, poètes puissants, refrains, vers qui jusqu'à toi se livrent, délivrent et te désigneront parjures.
Alep, larmes à l’hémisphère de l’être ne suffisent, et les sanglots rauques pleurent les larmes des larmes qui ne pardonnent, ni ne suffisent.
Alep, cristal, opaline, rubis des cœurs, âmes profondes, odes et lueurs, métempsycose, esprits et djinns mais Alep ruine en son pays se meurt.
Alep sait,
Alep était,
Alep aimait,
Alep disait,
Alep.
Alep vue,
Alep chantait,
Alep riait,
Alep louée,
Alep rêvait,
Alep connue,
Alep pleurée,
Comme ne sait plus prier.