La première édition de la Nuit de la Poésie aura lieu à l’IMA en partenariat avec la Maison de la Poésie dans le cadre du Festival Paris en toutes lettres.
"A l’aube de cette nuit de la poésie, une mémoire, un souvenir, celui des attentats de Paris.
La langue arabe est traversée d’une poésie riche, agrémentée par la diversité des peuples qui, au l des siècles, en ont partagé la mélodie unique.
Cette langue philosophique fondatrice est née de la science, de l’astronomie et de l’exploration qui ont précédé son élection en tant que langue sainte, et avant tout en tant que langue partagée, pensée comme le socle d’égalité et d’union des communautés. Adaptée au gré des harmonies et des accents, çà et là entre le Moyen et le Proche-Orient, la langue arabe est une langue malléable, d’une profondeur telle, qu’elle est aussi un vivier d’inspirations sans limite pour les poètes, ces artistes du mot, qui s’emploient à faire du verbe tantôt un rêve qui nous élève, tantôt une arme qui nous réveille.
L’Institut du monde arabe dédie donc à cet art une nuit pour faire résonner les déclamations poétiques dans toutes leurs formes, des plus historiques aux plus audacieuses, des plus classiques aux plus contemporaines. Tel Al-Maari, poète syrien du XIème siècle, qui chantait merveilleusement l’ivresse de la nuit :
Lève-toi, et demande la liqueur vermeille à son frère portier !
Je n’ai jamais oublié la nuit où je l’ai bue en écoutant chanter mon compagnon Lorsqu’il passa la nuit à la dévoiler en présence de ses compagnons assis.
Il se tenait debout pour nous verser du vin,
Et toutes les fois que je lui en faisais des reproches, il répondait par
un simple hochement de tête.
A l’aube de cette nuit de la poésie, une mémoire, un souvenir, celui des attentats de Paris, perpétrés à la même date l’an passé. La poésie est un souffle qui réunit les âmes dans la grâce, la force et l’espoir.
En partenariat avec la Maison de la Poésie et dans le cadre du Festival Paris en toutes Lettres, l’Institut du monde arabe se fera, pour cette nuit emblématique, le temple du dialogue, de l’union et de la paix, autour de la beauté du verbe.
Cette expérience poétique sera aussi accompagnée d’une entrée libre pour les deux expositions actuelles, Biskra, sortilèges d’une oasis et la rétrospective du travail remarquable de la grande artiste Etel Adnan."
Jack Lang
Christiane Taubira, dont on sait l’amour pour la poésie et l’art oratoire – « Rien n’interdit de faire sens avec beauté, avec lyrisme » – ouvrira cette Nuit de la Poésie et viendra partager quelques poèmes.
Les deux comédiennes Violaine Schwartz et Darina al Joundi liront, en français et en arabe, des extraits du recueil Elle va nue la Liberté (éditions Bruno Doucey, 2013), l’œuvre bouleversante de la poétesse syrienne Maram al-Masri. A distance du conflit syrien car demeurant à Paris depuis 1982, Maram Al-Masri décrit pourtant avec la précision d’un flash de photographe des portraits de violences inouïes. L’écriture de la poétesse, d’une simplicité virtuose, dépeint sans difficulté la complexité d’un cri de douleur et intervient, comme en urgence, pour verser son amour sur le peuple qu’elle n’a jamais cessé de chérir.
La lecture sera précédée de la projection du clip Faces avec Maram Al-Masri, et sera suivie du court-métrage Nue la liberté réalisé par François Marthouret (NOUVELLES PERSPECTIVES Productions).
Comédienne et chanteuse, Violaine Schwartz joue au théâtre depuis 1990. En qualité d’auteure, elle a écrit trois pièces radiophoniques pour France culture et deux romans aux éditions P.O.L, La tête en arrière (2010) et Le vent dans la bouche (2013). Elle intervient également dans l’émission de France culture, Des Papous dans la tête.
Depuis l’âge de 8 ans, Darina al Joundi ne cesse de passer devant et derrière la caméra. Malgré les années de guerre, ses ambitions ne se sont pas limitées au Liban, elle a travaillé dans l’ensemble du monde arabe et en Europe, au théâtre à la télévision, à la radio et au cinéma. Depuis 2005, elle vit à Paris où elle vit une nouvelle aventure avec le triomphe de « Le jour où Nina Simone a cessé de chanter » (Festival d’Avignon 2007), puis elle écrit et interprète « Ma Marseillaise » (Festival d’Avignon 2012) .
Des poètes slameurs (Photo) dont Gucci, Stef H, Stephane Le Goff, Otto Chronopio et Serie B entre autres, ayant tous participé à plusieurs grand slams nationaux, proposeront une scène ouverte de poésie avec le concours de la Fédération française de Slam Poésie.
En effet, cette poétesse et slameuse sourde nous livre ses créations en langue des signes française qui, pour un grand nombre de personnes, demeure une voie de communication minorisée. Il nous suffit alors de regarder les poèmes articulés par les “ mains fertiles ” (anthologie de poètes en langue des signes publiée aux éditions Bruno Doucey en 2015), pour appréhender le sens qu’il s’agit bien d’une parole à part entière. Les textes de la poétesse seront projetés pendant la performance.
Conversation, découverte olfactive et lectures en hébreu, enf rançais et en arabe.
La poésie a-t-elle un parfum ? L’enfance à Bagdad en a–t-elle un aussi ?
Ronny Someck sera traduit par Valérie Zenatti.
Créateur de parfums pour Balenciaga, Thierry Mugler ou comme des Garçons, Jean-Christophe Hérault (parfumeur IFF) a nourri son apprentissage à Grasse de lectures de Proust autant que de l’odeur des champs de mimosa. Dans le cadre d’une collaboration avec International Flavours and Fragrances portée par La Maison de la Poésie, le parfumeur Jean-christophe hérault présentera une série de compositions olfactives suscitées par quelques poèmes issus du recueil Bagdad Jérusalem né d’une poignée de main entre deux poètes- l’un arabe, l’autre juif - nés la même année, 1951, dans la même ville, Bagdad. Delphine de Swardt, chercheuse et spécialiste en parfums, modérera cette rencontre unique entre les deux écrivains, Salah Al hamdani et Ronny Someck, et le parfumeur Jean-christophe Hérault.
Violaine Schwartz lira en français L’arche de la révolte , de Salah Al Hmadani, extrait du recueil Nous aimons la vie plus que vous n’aimez la mort (éditions Al Manar).
Pendant cette Nuit, Mohamed Hmoudane partagera des extraits de son livre Etat d’urgence (Virgule éditions, Tanger), accompagné par le gumbri de Tarik Chaouach.
Cet artiste d’origine algérienne mêle la tradition de l’instrument multiséculaire du gumbri à des inspirations résolument modernes.
Né en 1968 à El Maâzize, au Maroc, Mohamed Hmoudane, poète, romancier et traducteur, vit en France depuis 1989. Son écriture, marquée par la révolte et l’humour noir, est largement saluée tant en France que dans le monde arabe. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages poétiques dont, notamment Plus loin que toujours ; Parole prise, parole donnée et Blanche Mécanique ainsi que de deux romans : French Dream et Le Ciel, Hassan II et Maman France.
Véronique Caye explore et exploite les images et les sons qui font de notre vision du monde ce qu’elle est. Au Laboratoire Victor Vérité, dont elle est la créatrice, elle innove par ses recherches visuelles et sonores, et nous trouble par son travail artistique visant à « créer l’illusion d’une augmentation du réel ». Dans Les suspendues, elle réalise « une expérience personnelle qui emprunte à la philosophie sou e de dire le non-dit, de révéler l’invisible et l’inconnu ». Théâtre, musique, vidéo... tout se mêle dans cette performance pour nous faire vivre un voyage inédit à travers la poésie arabe, des classiques comme Al-Hallâj, en passant par Mahmoud Darwich jusqu’au poète contemporain Adonis.
Lectures par Violaine Schwartz, Darina Al Joundi et Valérie Zenatti.
Les trois lectrices se relaieront dans la lecture de textes écrits par Valérie Zenatti à la mort de Marmoud Darwich, et de poèmes de ce grand poète palestinien. Mahmoud Darwich est né en 1942 à Birwa près de Saint-Jean-d’Acre en Palestine. En 1948, son village est détruit par les forces sionistes et sa famille se réfugie au Liban. Mais il revient clandestinement la même année en Palestine pour y faire ses études. Il commence très jeune une carrière de journaliste tout en publiant ses premiers poèmes. Engagé dans le combat politique, il milite dans le parti communiste israélien, ce qui lui vaut d’être emprisonné à plusieurs reprises de 1960 à 1970 et d’être assigné en résidence à Haïfa. Auteur de plusieurs ouvrages maintes fois réédités, il est devenu le porte-parole de tout un peuple. Il est mort en 2008.
Née à Nice, journaliste-radio, professeur d’hébreu, puis scénariste, Valérie Zenatti se consacre depuis plusieurs années exclusivement à l’écriture. Ses écrits sont marqués par l’influence de son adolescence passée en Israël. Elle a publié plusieurs livres pour la jeunesse dont Quand j’étais soldate (L’école des Loisirs, 2002) et Une bouteille dans la mer de Gaza (L’école des Loisirs, 2005). Jacob, Jacob (éditions de l’Olivier, 2014), est son dernier roman, pour lequel elle a reçu le prix Inter 2015.
Norah Krief est comédienne, interprète d’Eric Lacascade et de Krzysztof Warlikowski. Au cours de sa carrière, Norah Krief découvre le plaisir du chant, aussi fort que celui du jeu, et collabore avec le compositeur et musicien frédéric fresson. Ensemble, et accompagné par l’oud de Yousef Zayed, ils offriront une interprétation personnelle du poème Al-Atlal, un des chefs-d’œuvre du poète égyptien Ibrahim Nagi (1898-1953), chanté par Oum Kalthoum. ce chant sera aussi pour Norah Krief une étape sur le chemin qui la ramène vers la langue arabe.
Mathieu Bauer, batteur et directeur artistique du Nouveau Théâtre de Montreuil, des musiciens compositeurs Sylvain Cartigny et lazare Boghossian, proposeront avec Hammou Graïa une lecture poétique et sonore inédite à partir du long poème « Les écroulements » d’Abdellatif Laâbi. Les trois musiciens ont déjà collaboré dans des performances musicales mêlant musique, théâtre et poésie, comme dans Ajax / Qu’on me donne un ennemi, mise en scène par Mathieu Bauer.
L’auteure-compositrice interprète et comédienne Camélia Jordana, les auteurs- compositeurs interprètes aïda Nosrat, Babx, L (Raphaële Lannadère), Jeanne added, Piers faccini, le oudiste Grégory Dargent et Wassim Halal (percussionniste) se lanceront également dans l’aventure poétique de cette première Nuit avec une proposition musicale inédite.
- Camélia Jordana multiplie les expériences chantées et poétiques en s’alliant à la Maison de la poésie pour un cycle de lectures.
- Raphaële Lanadère, alias « L », s’est également lancée dans cette aventure poétique. La jeune chanteuse explore déjà les textes, étant elle-même l’auteure de chansons pour d’autres comme Patrick Bruel, Julien clerc ou son amie camélia Jordana.
- Jeanne Added, dont le premier album Be Sensational a suscité un large enthousiasme pour ses accents mystérieux entre rock et électro, est auteure, compositeur et interprète.
- Aida Nosrat, compositeur, violiniste et chanteuse. Forcée d’épouser la carrière de violoniste à cause de l’interdiction faite aux femmes de devenir chanteuse solo en Iran, elle a toutefois poursuivi le chant auprès de son maître Gholamreza Rezayi. Avec son mari Babak Amirmobasher, guitariste rencontré il y a 13 ans, elle forme le groupe Manushan. En 2015, ils quittent l’Iran pour la France où ils développent désormais leurs carrières artistiques.
- Babx, de son vrai nom David Babin, est quant à lui auteur-compositeur- interprète, musicien et producteur.
- Piers Faccini est un peintre et songwriter. Depuis son premier album en 2004, il poursuit son activité de plasticien en parallèle de sa carrière de musicien. Il vient de sortir son sixième album, I Dreamed An Island
Depuis 2010, Bastien Lallemant promène son concept des « Siestes acoustiques » à travers toute la France et à l’étranger. La clé de son succès : proposer au public, au tintement d’une clochette, de se laisser bercer par une musique douce et ininterrompue, un moment de détente absolue, un “arrière monde” loin de tous nos soucis. Lors de cette Nuit de la poésie, Albin de la Simone (clavier, chant), Sebastien Martel (guitare), Sarah Murcia (contrebasse), Maëva le Berre (violoncelle), Anne Gouverneur (violon), Camélia Jordana (chant), Claude Barthélemy (oud), Bastien Lallemant (guitare, chant) accompagneront par la musique tous ceux qui chercheront la douceur et l’apaisement, dans la deuxième heure de la journée du 13 novembre. Les oreillers sont recommandés et le sommeil autorisé.
Wissam arbache (1) est acteur et metteur en scène de théâtre et d’opéra d’origine syro- libanaise. De Mahmoud Darwich à corneille, son travail de mise en scène est tout entier imprégné de son indéfectible intérêt pour la langue. Riche de sa position particulière à la jonction de deux cultures, il propose un nouveau concept de lectures poétiques permettant une représentation bilingue. Ainsi, pour cette Nuit de la poésie, langue arabe et langue française s’entrecroiseront pour faire résonner en chacun un échantillon de la poésie syrienne : « ce souf e qui se poursuit, qui continue de faire de “ Syrie ” un nom propre en résistant à ce mouvement général qui tente d’en faire un nom commun synonyme de problème ». Seront lus par Wissam Arbache et Reem Ali les poèmes d’Omar Abou Riché, Aicha Arnaout, Mohammad Al Maghout, Abdel Basset Al-Sou , Golan Haji, Aref Hamzeh, Hala Mohammad et Rasha Omran.
Au cours de cette lecture, Zeina Abirached, auteure de la bande-dessinée Le Piano Oriental, Casterman, 2015, réalisera de façon improvisée des dessins, qui seront projetés sur écran simultanément à la lecture.
Un petit-déjeuner oriental sera animé par Brigitte de Malau, dont le travail s’articule autour d’une démarche esthétique et anthropologique, celle de la nourriture. En lutte contre les barrières à la découverte culinaire posées par les industries de l’agroalimentaire, la plasticienne et cuisinière Brigitte de Malau offrira une nourriture qui transporte des contes, des mythes et des curiosités. Le repas partagé peut toujours inventer ses codes ou réinterpréter de très anciennes traditions, à condition de le vouloir : l’essentiel est contenu dans la curiosité, ce premier pas vers l’autre.
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