Montrer l’architecture actuelle c’est d’une certaine façon rendre compte du Maroc contemporain dans toute sa complexité et son hétérogénéité.
Cette exposition est une formidable opportunité de faire un instantané d’une scène qui est aujourd’hui l’une des plus riches, mais aussi des plus
complexes d’Afrique et du monde arabe.
Mais au-delà d’une simple photographie de la production architecturale, l’enjeu est de décrypter les tendances qui la traversent et les problématiques qui l’habitent. Un moment de cristallisation qui, dans le dialogue avec les autres productions artistiques, peut permettre à cette scène de se lever, de se constituer.
Au Maroc, la seule véritable tradition est la modernité. L’héritage de la scène architecturale marocaine est celui, de la recherche, de l’invention et de la
radicalité. Laboratoire de l’architecture et de l’urbanisme du XXe siècle, le territoire marocain a toujours été également une grande terre d’accueil,
qui a permis à la fois de croiser, d’hybrider, de détourner et enfin de métaboliser l’ensemble des grandes influences qui ont traversé l’histoire
de l’architecture mondiale. Cette trajectoire d’invention connait un arrêt brutal dès le début des années 80. Ces années de plomb de l’architecture, ont
profondément marqué la profession et ce n’est que par le travail de résistance de certains et par le changement du sens de l’histoire que nous avons réussi à sortir lentement de cette torpeur culturelle, dont il reste encore des traces contemporaines.
Les quinze dernières années ont vu une transformation en profondeur de la scène architecturale. L’émergence d’une maîtrise d’ouvrage nouvelle et ambitieuse, le développement de nouveaux programmes, infrastructurels (ports, aéroports, gares…), culturels(musées, théâtres…) et urbains (aménagements urbains, villes nouvelles), et l’ouverture de la profession à une nouvelle génération d’architectes, raccroche la scène marocaine au débat désormais mondialisé de l’architecture.
Pour aller au-delà d’une simple collection de projets, nous avons pris le parti de rendre compte de la production architecturale à travers cinq thèmes qui sont autant de regards qui tissent des liens entre figures, projets, lieux et objets. Le sol, est une exploration d’une nouvelle relation au paysage et au grand territoire.
La matière, est un regard sur la culture constructive et la recherche d’une présence architecturale entre rituels et technologie. La redécouverte du
patrimoine récent donne un nouveau sens à l’intervention sur l’existant et l’ancien. À travers un regard sur le glissement de l’espace public à l’espace
commun on pourra rendre compte d’un rapport nouveau à l’urbanité et à la ville. En dernier lieu, c’est à travers la question du motif et sa présence
symbolique, iconique et générique que l’on rendra compte du glissement des problématiques identitaires, de l’espace à la peau.
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