Terminé
21 septembre 201923 février 2020

Instants - photos

Exposition au musée de l’IMA

Le monde arabe, autrefois appelé « Orient », a longtemps été perçu à travers le regard des peintres ou des voyageurs-photographes occidentaux en quête d’exotisme. Les clichés pris au XIXe siècle au cours de leurs périples ont marqué les Européens qui découvraient un monde rêvé. 

Les artistes arabes se sont progressivement approprié les techniques photographiques pour être des témoins à leur tour. L’image de ce monde fantasmé, livrée par un regard extérieur, s’est alors inversée pour enfin offrir un reflet de l’intérieur. Il n’est pas étonnant de noter ce goût accru pour la photographie chez les artistes arabes. En effet, le perfectionnement du principe de la camera oscura, d’héritage grec, résulte des découvertes scientifiques des théories de l’optique nées dans le monde arabo-musulman. Ibn al-Haytham (Alhazen, 965 - 1039), « père de l’optique moderne », écrit entre 1015 et 1021 son Traité d’optique, dont la diffusion en Occident au xve siècle grâce à l’invention de l’imprimerie, favorisa le développement des règles de la perspective par les peintres à partir de la Renaissance.

Yto Barrada, La Mer morte, 1996. Tirage noir et blanc, 50,8 x 60,5 cm. Musée de l’IMA.

© Musée de l’IMA / Yto Barrada

L’ensemble des tirages présentés ici donne à voir la richesse des populations qui composent ces vastes contrées arabes et leur cadre de vie, citadin, rural, montagneux ou maritime. Ce qui caractérise ces images, c’est le regard d’un photographe qui ne fait qu’un avec cet univers, qu’il y soit né ou qu’il y ait un attachement par son histoire personnelle.

Les vingt photographes réunis dans cette exposition souhaitent partager leur émotion avec le visiteur. Guidés par leur quête, ils nous révèlent la beauté des êtres rencontrés, leurs inquiétudes parfois, leur environnement mais aussi les tensions intrinsèques aux contextes géographique et politico-social. Véritables témoins, ils partagent avec le spectateur des instants éphémères dont ils désirent préserver la mémoire et leurs impressions, sans nostalgie.

Le musée de l’Institut du monde arabe s’est doté d’une importante collection de photographies depuis la constitution de son fonds dès 1986, enrichi par une politique d’achats et par la générosité des artistes que nous tenons ici à remercier chaleureusement.