Desdémone, entre désir et désespoir
Œuvres de Delacroix, à aujourd’hui
C’est un tableau d’Eugène Delacroix inspiré du célèbre drame de Shakespeare, Othello et Desdémone, qui est la source de réflexion et l’origine de cette exposition au musée de l’Institut du monde arabe. Elle met en lumière comment transcrire en formes et couleurs la séquence des sentiments littéraires qui, du désir au désespoir, conduira au meurtre.
L’exposition fait dialoguer des créations du XIXe au XXIe siècle. Ainsi, Paul Cézanne, Théodore Chassériau, Léon Cogniet, Eugène Delacroix, Jean Hélion, Georges Lacombe, Gustave Moreau, Charles Nègre, Pablo Picasso, Émile Picault et Félix Vallotton correspondent avec Mathieu K. Abonnenc, Guillaume Bresson, Mohamed Bourouissa, Sophie Calle, Adrien Couvrat, Jochen Gerner, Camille Henrot, Erik Nussbicker, Émilie Pitoiset, Lili Reynaud-Dewar et Edwart Vignot. Ces œuvres proviennent de musées (Besançon, Centre Georges Pompidou, Eugène Delacroix, Louvre, Metz, Orsay, Picasso), de collections particulières ou ont été réalisées spécialement par certains des artistes. Dans cette conversation, au-delà du thème classique de la jalousie d’Othello, l’exposition redonne une place forte au personnage de Desdémone, tour à tour aimante, maitresse, femme et victime, interrogeant par là-même le rôle qu’avait voulu lui confier Shakespeare.
Pourquoi cette exposition à l’Institut du monde arabe ?
Pour écrire son Othello en 1604, William Shakespeare s’est remémoré la visite historique, quatre ans auparavant, de l’ambassadeur du Maroc Abd el-Ouahed ben Messaoud Anoun à la reine Elisabeth Ire. Ce personnage inspira donc l’auteur anglais pour son célèbre Maure de Venise. Deux siècles et demi plus tard, ce sera à Eugène Delacroix de se souvenir du Maroc pour évoquer cette fois-ci une Italie fantasmée, une Venise inconnue où se déroule la scène d’un drame baignée des couleurs du Titien.
Un album contenant un recueil composé d’œuvres librement commentées (par Arlette Sérullaz, Dominique de Font-Réaulx, Sidonie Fraitot, Sarah Ihler-Meyer, Guy Cogeval, Pierre Bergé…), des interviews d’artistes et un enregistrement de Louise Bourgoin incarnant Desdémone a été édité en tirage limité. Il parachève la visite de l’exposition.