Voici fait trois ans qu’elle travaille à l’élaboration de la programmation au sein du service des Actions éducatives de l’IMA : Elodie Roblain nous dévoile les coulisses de son métier. Interview.
mon expérience de professeur m’est utile pour concevoir des ateliers en relation avec les programmes de l’Education nationale et répondant à ses exigences pédagogiques. En d’autres termes : à « digérer le savoir » pour le transmettre aux élèves, avant de passer le relai aux conférencières.
Je suis professeur agrégée en histoire et en géographie, et j’ai rejoint l’IMA dans le cadre d’une mise à disposition du ministère de l’Education nationale.
J’étais professeur de collège, et il n’était pas du tout dans mes intentions de quitter l’enseignement ! Mais lorsqu’un inspecteur m’a proposé ce poste, je l’ai volontiers accepté car l’histoire du monde arabe m’intéresse énormément, en particulier l’histoire ancienne et médiévale.
A concevoir des activités : ateliers, conférences, parcours, visites guidées…, ainsi que les supports (livrets, documentation, fiches…) qui y sont attachés. Je ne pars pas de rien, bien entendu : ce que j’entreprends l’est dans la continuité du travail de mes prédécesseurs. Et les activités sont construites à partir des collections permanentes du musée et de la programmation de l’IMA.
Certaines activités s’adressent aux « individuels » (enfants ou familles), beaucoup d’autres aux classes. C’est ici que mon expérience de professeur entre en jeu : elle m’est utile pour concevoir des ateliers en relation avec les programmes de l’Education nationale et répondant à ses exigences pédagogiques. En d’autres termes : à « digérer le savoir » pour le transmettre aux élèves, avant de passer le relai aux conférencières. Une fois l’atelier conçu, ce sont en effet ces dernières qui sont chargées de l’animer.
Cette même logique prévaut au Centre de langue et de culture arabes de l’IMA : la collègue chargée des ateliers est agrégée d’arabe.
Il y en a de toute sorte, et pour chaque âge : pour les classes, de la maternelle au lycée, pour les enfants et leur famille, pour les adultes (enseignants, relais du champ social, grand public…). Tous invitent, sous tel ou tel angle, à la découverte de la richesse de la culture et de l’histoire du monde arabe. Nous proposons également des conférences pour adultes : « Enseigner l’arabe par les arts » ou « Les fables de Kalila et Dimna », par exemple. Il s’agit majoritairement d’ateliers ponctuels, et non de cycles.
Nous n'utilisons pas de tablette pendant les ateliers. Je préfère que les élèves regardent les œuvres de leur yeux, sans l’interposition d’un écran. On a trop souvent tendance à mettre un écran entre soi et l’œuvre. La tablette peut avoir son utilité à la maison, mais je la conçois davantage comme un outil annexe que principal.
Ils débutent généralement par une visite, au sein du musée ou d’une exposition temporaire, et se poursuivent dans nos espaces dédiés. Le service des Actions éducatives dispose de trois espaces en propre : une grande salle dont nous faisons évoluer le mobilier en fonction des expositions – en ce moment, elle est transformée en navire et dédiée à l’atelier « Corsaires et pirates » –, un véritable atelier avec évier, mobilier et d’outils adaptés où l’on peut peindre, fabriquer, découper, travailler l’argile, bref, s’adonner à toutes les activités manuelles possibles. Et enfin une médiathèque jeunesse où sont disposés plus de 5000 livres jeunesse en français, en arabe et bilingues ; elle sert à la fois de lieu d’animation pour les enfants et de centre de ressource pour les professionnels.
Les établissements scolaires nous sont en général assez fidèles. Et pour revenir aux établissements en zone d’enseignement prioritaire (ZEP), ils sont très nombreux parmi nos partenaires, et viennent de tout le territoire français.
Le problème de la discrimination est une question que je connais bien, ayant moi-même enseigné dans des ZEP. Il m’est arrivé de suggérer à des élèves de 3e de se rendre au musée seuls, ou en petits groupes de trois. Je n’ai eu que des retours positifs mais j’ai compris qu’ils ne se sentaient pas à leur place. Les vigiles les suivaient…
A l’IMA, le contexte est différent. C’est plus facile à gérer. On peut faire du bruit. Nous ne sommes pas dans une cathédrale ou à la mosquée ! Il suffit d’avoir les codes.
Et comment ! En premier lieu, par le biais de visites, conférences, ateliers, etc., menés hors de l’IMA par les collègues et par moi-même – je songe par exemple aux actions menées dans les prisons, mais il y en a bien d’autres. Ajoutons-y les initiatives et rencontres intermusées – nous travaillons notamment en collaboration avec le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, le collège des Bernardins, la Philharmonie, le château d’Ecouen et depuis peu avec le quai Branly.
Par ailleurs, les expositions pédagogiques itinérantes réalisées par notre service voyagent : elles sont louées par des collèges, lycées, centres culturels, etc., en France et à l’étranger.
Nous avons reçu un jour un groupe d’élèves tout juste scolarisés en France. Ils ne parlaient pas très bien français. Parmi eux, un groupe de réfugiés syriens, sur la défensive. Mais dès qu’ils ont vu des mots en arabe, leur visage s’est éclairé : le fait de voir la langue arabe mise à l’honneur, des mots écrits partout en arabe, leur avait rendu leur fierté.
Lors de l’atelier « Art et géométrie », des élèves de Segpa [classes accueillant des jeunes rencontrant de graves difficultés d’apprentissage] ont poussé des cris de joie après être arrivés à confectionner une étoile à huit branches. Ils m’ont dit qu’ils allaient refaire la même à la maison.
Pour plus d’informations :
www.imarabe.org/enseignants-animateurs/activités-jeunes
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