Le duo libanais Rayess Bek & La Mirza m’a donné rendez-vous à la Dynamo Banlieues Bleues, le lieu où Mehdi Haddab – leur joueur de oud électronique – a été « condamné » à 10 jours de résidence de création libre la semaine passée ; ce dernier accusé à tort ou à raison du meurtre fictif de la jolie actrice et chanteuse syro-libanaise Asmahan, a été convié par Rayess Bek (aka Wael Koudaih) à les rejoindre pour livrer une nouvelle formule de la performance « Love and Revenge » qui sera présentée pendant le festival Paris Quartier d’Eté, le 25 juillet à la Dynamo et le 6 août à l’Institut du monde arabe. Wael Koudaih a fait appel à une seconde recrue, histoire de former un quartet gagnant : le bassiste et pianiste Julien Perraudeau. Il les a tous les deux rencontrés via Rodolphe Burger, le leader du groupe Kat Onoma ; en me livrant les grandes lignes de leurs rencontres respectives, j’apprends que la mystérieuse vidéaste Randa Mirza ne les a toujours pas rencontrés ; « Love & Revenge » saison 2 est toujours en cours d’élaboration. Les ingrédients et les ustensiles de cuisine sont là. Il ne reste plus qu’à lier le tout pour le public français, friand de saveurs orientales…
« C’est un projet qui a été réalisé à 4 mains et 2 têtes. Les rôles ont été prédéfinis dès le départ ; Randa à la vidéo et moi aux machines. Ce projet s’est déroulé de manière instinctive, le partage des tâches s’est fait naturellement. Cela fait un an et demi que l’on travaille sur celui-ci et ce sera une première pour le quartet à Paris !», répond Wael Koudaih. « Je suivais Wael sur la scène artistique libanaise de loin et un jour je lui ai confié que j’avais bien envie de collaborer avec lui ; deux mois plus tard, il revient vers moi avec une idée. Elle m’a beaucoup plu et on a commencé à travailler chacun de notre côté sur nos parties respectives pendant 6 mois.», ajoute Randa Mirza.
« Quand j’ai commencé à rechercher de l’archive visuelle sur laquelle nous allions nous baser pour la performance, je me suis vite aperçue que la plupart des tubes arabes provenaient de films et il nous paraissait donc évident qu’il fallait réaliser une performance originale en revisitant des scènes de films arabes cultes présentant les tubes en question, accompagnées des arrangements de Wael, Mehdi et Julien. », précise Randa.
« Les morceaux des films que nous avons choisi de montrer étaient en quelque sorte des rails sur lesquels je me suis ancré pour apporter un supplément créatif ; l’objectif est de les rendre plus accessible à la jeunesse arabe et française en l’occurrence. Nous revisitons ces morceaux et les mettons dans un contexte actuel et électronique. En fait ma composition est une sorte d’hameçon pour attirer les gens vers les morceaux originaux. Le projet suscite un intérêt qui nous surprend beaucoup étant donné que nous n’avons pas encore joué ce quartet en public. Comme on dit en arabe, « on a vendu des poissons dans la mer » ! » (Rires), complète Wael. Chercher dans la tradition pour faire du neuf. Sa procédure me rappelle celle de l’explorateur musical français dEbruit qui déterre et archive des sons afro pour les retravailler et les mettre à sa sauce…
Love & Revenge révèle vraisemblablement une façon de vivre emplie de gaieté et une certaine légèreté à laquelle on ne fait pas forcément référence aujourd’hui en Occident quand on pense au monde arabe. J’ai hâte de découvrir leur nouvelle combinaison, entre les supports sélectionnés (extraits de films des studios Misr du Caire et chansons populaires arabes) et leurs griffes acérées… Préparons-nous à une belle dose de nostalgie, d’espoir, d’amour et d’humour dans la salle de l’auditorium Rafik Hariri ! Et peut-être quelques apparitions aussi, des musiciens Asmahan, Kadhem Saher, Souad Hosni et Sabah, entre autres, pour ceux qui réussiront à lâcher prise… Avant de les quitter, je partage un dernier moment off interview à l’extérieur du studio, La Mirza avec une cigarette en bouche… Nous évoquons leurs projets personnels en cours ; Randa développe actuellement un projet sur la mythologie arabe pré-islamique dont une exposition est déjà programmée à la galerie Tanit à Beirut en novembre 2016 tandis que Wael travaille sur une collaboration avec la chorégraphe libanaise Nancy Naous ; ce projet commun traitera de la place de la musique actuelle et de la danse contemporaine dans l’Islam. A noter : « Goodbye Schlondorff », présenté à la Maison des métallos au mois de mai dernier est toujours d’actualité ! Affaires à suivre…
Conception : Randa Mirza (La Mirza) et Wael Koudaih (Rayess Bek)
Composition musicale : Wael Koudaih (Rayess Bek): machines, Mehdi Haddab: oud, Julien Perraudeau: basse, claviers
Composition Video : Randa Mirza (La Mirza)
Ingénieur son : Ludovic Joyeux
Diffusion : Sébastien Lepotvin
Événement co-produit par La Dynamo de Banlieues Bleues et le festival Paris Quartier d’Été. Avec le soutien d’Arcadi Île-de-France/Dispositif d’accompagnements.
Bienvenue sur le blog de l’Institut du monde arabe, lancé en octobre 2016.
Son but : donner la parole aux passionnés du monde arabe dans et hors de l’institution. Retrouvez les coups de cœur des équipes (livres, cinéma, musique, expos…), les portraits de personnalités, les regards d’intervenants sur des questions historiques, sociologiques, artistiques… Promenez-vous dans les coulisses de l’institution et des événements et suivez les actualités de la présidence de l’IMA.
La rédaction invite experts et amateurs, tous passionnés, à s’exprimer en leur nom sur toutes les facettes du monde arabe.
Jack Lang, Président de l'Institut du monde arabe, présente les ambitions du tout nouveau blog...
Lire la suitePour recevoir toute l'actualité de l'Institut du monde arabe sur les sujets qui vous intéressent
Je m'inscris