Après avoir été l’ambassadrice de la musique arabo-andalouse sur scène et à la télévision, des deux côtés de la Méditerranée, Nassima Chabane regarde aujourd’hui vers le chaâbi, musique populaire par excellence, qui évoque les racines musicales de son enfance et de sa jeunesse.
Le chaâbi, tout comme le tango argentin, le fado portugais, le flamenco espagnol ou le blues américain, a été créé dans des quartiers populaires (« chaâbi » veut dire populaire), en l’occurrence à Alger, dans la basse casbah, au début du xxe siècle. Au niveau thématique et rythmique, il s’écarte de l’andalou, dont il s’est inspiré et a adopté certaines structures mélodiques, et se distingue par un phrasé et un ton particuliers. Les textes, fondés sur des proverbes d’hier et des maximes d’aujourd’hui, évoquent des situations proches du réel et les préoccupations du peuple, tandis que les instruments comme le mandole, le banjo et le piano révèlent des intentions modernes.
Aujourd’hui, le chaâbi se veut accessible à tous par ses paroles, mais aussi branché, en incorporant davantage d’instruments occidentaux. Nassima illustre sa propre lecture du chaâbi dans son album Des racines et des chants, qui propose un voyage vers l’autre rive de la Méditerranée, lors duquel elle revisite la Kabylie et les soirs parfumés d’Alger.
Nassima est née à Blida, ville fondée par la population andalouse, dont elle subit les influences dès l’âge de sept ans, au contact des maîtres de l’arabo-andalou au conservatoire. Depuis trente ans, Nassima (« la petite brise ») continue de défendre l’art musical et poétique de la mythique Andalousie, cette culture unique où les trois religions : musulmane, chrétienne et judaïque coexistaient en harmonie. En 1979, elle est sollicitée pour enregistrer une anthologie de la musique arabo-andalouse et de ses dérivés populaires avec l’ex-RTA (Radio télévision algérienne). En 1984, accompagnée de l’orchestre symphonique d’Alger, elle exécute la totalité de la nouba Zidane, partie intégrale de la musique andalouse algérienne appelée san’â. Depuis 1994, Nassima est installée en France d’où son chant rayonne partout en Europe et au Maghreb.