LE GROUPE
C’est un projet lentement muri : celui de réunir sur une même scène trois femmes d’origine diverses, interprétant un répertoire de chant et de musiques traditionnelles et s’accompagnant d’un instrument traditionnel.
Il a pu être concrétisé lors d’une rencontre pendant le festival de Rudolstadt en 2009 - TFF - où se sont rencontrées ces trois femmes musiciennes et chanteuses, elles ont eu alors le plaisir, pour la première fois, de jouer ensemble. Elles ont éprouvé ce jour-là un même désir de chanter l’amour, la tolérance, la fraternité, l’acceptation et l’espoir pour un monde meilleur.
Ces femmes sont originaires de l’Europe et de l’Afrique du Nord. L’une, s’accompagnant de percussions « riqq », chante d’une voix pure et singulière des chants soufis – chants sacrés de poésie mystique -, c’est Naziha AZZOUZ (Algérie), la seconde Sofia LAMPROULOU (Grèce) joue du «kanoun» - instrument à cordes datant du 10e siècle – appris avec des grands maîtres résidant en Turquie, la troisième Nora THIELE (Allemagne) joue des percussions orientales, le bendir et le riqq.
Toutes trois sont des interprètes remarquables et virtuoses de leur spécialité musicale.
LE RÉPERTOIRE
Elles interprètent ensemble un répertoire composé de chants soufis, de chants traditionnels du pays de chaque musicienne, ainsi que des compostions originales.
Les poèmes chantés sont d’inspiration « soufi » ; ce terme est employé pour désigner un courant musical sacré visant dans sa pratique au développement spirituel à travers une forte et enivrante évocation divine exclusive et aboutissant à “l’extinction“ de soi. Le mot provient de l’arabe souf (laine), les premiers « soufis » étant réputés avoir porté des robes de laine par ascétisme religieux : « Ne considère pas ma forme extérieure, mais saisis ce que tient ma main » Jalal al Din al Roumi (1207/1273).
Rabia El Adaouia (721/801) première femme «soufie » a introduit dans le soufisme le chant de l’amour divin : « Dans cette ville de Bassorah qu’elle avait réjoui de sa musique, de ses chants et de ses danses, elle se mit à vivre dans la prière et la méditation, jour et nuit. Elle passait pour être assistée par les anges. Elle composa des chants d’amour destinés à Dieu ».
Répertoire interprété (Extraits) :
Jadaka Al Ghaithou (Puisse tomber la pluie),
Poème de Ibn Al Khatib (1313-1374) à Grenade, compositeur anonyme.
Puisse la pluie t’être bénéfique,
Lorsque le nuage la verse !
Oh ! le temps de l’union dans
L’Andalousie !
Ya Adili Bi Lah, (Oh Mon blâmeur par Dieu),
Poème de Shustari de Cadix 1269, compositeur anonyme
Oh ! Mon blâmeur par Dieu,
Laisse-moi accroitre cet amour !
Si je me repends à Dieu,
A qui laisserais-je mon amour?
Oh! Toi qui connais
Les rossignols de la nostalgie,
Cet amour est pur,
Et vers lui tendent les amants.
J’ai savouré mon vin
Par toute sa présence.
L’amour, je ne l’oublie pas.
Que celui qui critique en souffre
Si je me repends à Dieu
Lamma Bada Anonyme du XI siècle.
Ce « muwashshah » soufi ancien, anonyme, est joué dans le Moyen Orient comme chant d’amour et comme expression “d’intoxication religieuse”.
Lorsqu’il commence à briller,
Aman, Aman, Aman,
Mon amour pour sa beauté est si grand,
Aman, Aman, Aman,
Pour le rencontrer, mais nul n’entend ma plainte,
Je souffre pour son amour,
Car il est roi de beauté.
La Qad,
Poète anonyme - Sur le mode Hijaz Kar Kurd
Ton amour s’est introduit en mon cœur,
Comme la main d’un enfant
Dans la poitrine de sa mère,
Comme Dieu a interdit
Une autre poitrine à Moïse,
Comment pourrais-je aimer une autre femme que toi?
Naziha Azzouz Sofia Lamproulou Nora Thiele
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