
Rarement interprète du répertoire arabo-andalou, maîtrisant également l’aroubi et le hawzi, n’aura mis autant de passion dans l’exercice de son art. Pourtant, initialement, Beihdja Rahal, née en 1962 à Alger au sein d’une famille de mélomanes, n’avait pas envisagé de carrière artistique. Le mektoub en décidera autrement pour le plus grand plaisir des mélomanes.
Cofondatrice de l’association musicale Es-Sendoussia en 1986, Beihdja, après avoir quitté El Fakhardjia, a participé à la production de quatre des cinq enregistrements d’une collection
éditée par Zerrouki. En 1992, elle décide de s’installer à Paris pour suivre une spécialité.
Finalement, c’est en France qu’elle matérialisera ses projets musicaux imaginés avec Zerrouki, avec un premier enregistrement, Zidane, en 1995, un deuxième, Mezmoum, en 1997, puis un troisième volet consacré au Rasd (1999). À partir de l’an 2000, elle travaille davantage en Algérie et se produit pour la première fois sous son nom.
Forte d’un enseignement théorique poussé et douée d’un talent exceptionnel, Beihdja Rahal rayonne dans l’interprétation du mode andalou, ce style musical classique qui ne vaut précisément que par l’authenticité et la pureté de son jeu. L’andalou se joue forcément avec des instruments traditionnels tels que le târ (tambourin pourvu de cymbalettes), la derbouka, le luth, le violon, la kouitra (instrument typiquement algérien), le ney (fl ûte en roseau) et le qanoûn
(cithare), et son exécution impose le respect total de ses règles, de son harmonie, de ses rythmes et de sa ligne
mélodique.
Son interprétation exige de la chaleur, de l’âme et du sentiment. Celle qu’en propose Beihdja Rahal dégage une atmosphère émotionnelle qui a comblé le public à chacune de ses apparitions en Europe et dans le monde.