Né à Sanandaj, région kurde au nord-ouest de l’Iran, Sedigh Tarif entre à vingt ans à la faculté des Arts de Téhéran. Il en ressort quatre ans plus tard un diplôme d’études théâtrales en poche. Il fréquente parallèlement les classes de chant du regretté Mahmud Karimi. Sa passion pour la musique, tout d’abord influencée par le célèbre chanteur kurde Sa’id Asgar Kordestâni, ne fait que croître. Il poursuit pendant cinq ans l’étude du répertoire persan auprès de Nasrollâh Nâsehpur. Pour enrichir son style et son répertoire, il travaille également avec Razavi Sarvestâni, détenteur de la méthode d’enseignement vocal du grand maître Nour Ali Khan Bouroumand. Il fait également appel à d’anciens enregistrements, notamment ceux d’un autre monument de la musique persane, Seyyed Hossein Tâherzâdeh dont il reprendra des morceaux pour les interpréter avec des instrumentistes reconnus, comme Majid Kiâni et Asgar Bahâri.
Depuis des années, il poursuit ainsi sa quête musicale tout en se faisant fort de partager son art avec ses élèves. On lui doit notamment d’avoir discrètement introduit des sonorités kurdes dans le répertoire persan, en particulier des éléments du patrimoine spirituel des derviches. Ces musiques voisines et très compatibles ont de tout temps procédé à des échanges, qu’il s’agisse de matériaux mélodiques, d’instruments, de rythmes ou d’arrangements.
Tarif enregistre son premier album en 1984, en hommage à Tâherzâdeh et à l’école d’Isfahân qu’il s’est appliqué à faire revivre. Par la suite, parallèlement à ses activités d’enseignant et de concertiste, il multiplie les enregistrements, ce qui contribue à lui assurer une place privilégiée parmi les maîtres du chant. Parmi ces disques, citons « Golgasht »(en modes dashti et esfahân), réalisé avec la formation Sheydâ ; « Sheydâ’i », avec Jalâl Zufonun et un ensemble de luths setâr, où il s’inspire des chants sacrés des Kurdes – cet album sorti en 1990 connaîtra un énorme succès ; « Ferâgh » (en mode abu atâ), enregistré avec le groupe Sheydâ.