Il y a un style Khoury qui, dans dix ans, fera l’objet d’études circonstanciées. Les critiques, les musicologues le définiront, essaieront de mettre des mots sur son mystère, son alchimie propre. Ce style Khoury s’inscrit dans un courant musical qui s’exprime hors de tous clivages stylistiques rigides, en s’appropriant, en un savant mélange, différentes cultures musicales.
Entrelacées, ces traditions musicales subtilement mêlées (le Moyen-Orient, la Méditerranée, qui est le sésame, le jazz, avec ses notes bleues, la fulgurance de l’improvisation, le flamenco et les musiques tzigane, celtique et indienne…) ne ressemblent à rien de connu. Le monde est pluriel, vaste, leur musique n’en est pas moins kaléidoscopique, ouverte à tous les vents…
The Khoury Project, c’est une belle photo de famille, celle de trois frères ayant la musique chevillée au corps, Elia Khoury (oud), Basil Khoury (violon) et Osama Khoury (qanoûn), le « pilote » du groupe, associés à Guillaume Robert (contrebasse) et à Inor Sotolongo (percussions). Les frères Khoury ne font rien comme les autres : formation classique, voisinage des maîtres (Munir Bashir, le maître du oud irakien, pour Elia ; Halil Karaduman, la référence du qanoûn turc, pour Osama), excellence, vaste culture musicale (ils revendiquent l’influence conjuguée de Miles Davis et Oscar Peterson, Duke Ellington, Chick Corea et Paco de Lucia)...
Le plaisir, la simplicité, l’émotion… Il y a, dans ce quintette réuni par les frères Khoury, la grâce qui naît des rencontres heureuses et le goût prononcé de jouer ensemble, de l’échange et de l’exploration. S’est nouée entre Elia, Basil, Osama Khoury, Guillaume Robert, Inor Sotolongo et en invité, sur quatre titres, Youssef Hbeisch, une forte connivence sonore qu’habitent les élans, les dérives et les suspens.
(D’après Franck Médioni)
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