Le chant sarde n’a que peu d’affinités avec les autres types de chant populaire européens : il se rapproche peut-être davantage de certains chants africains et, plus encore, arabes du désert. Une de ses caractéristiques est son aspect mélismatique, sorte de vibration interne produite par l’ornementation. Les chants sont à la fois âpres et doux, et les voix gutturales et quelque peu nasillardes. Les femmes sont traditionnellement spécialisées dans le chant monodique sans accompagnement instrumental : chants religieux, lamentations funèbres, berceuses, chants d’amour et de travail.

Le concert que nous propose Marina Pittau est un voyage imprégné des sons et des songes de son île, où se rencontrent musiques profane et religieuse. Ces chants d’amour, de fête, ironiques, funèbres, religieux, ces berceuses et comptines, tous issus de la tradition orale et datant du XIIIe siècle à nos jours, sont redécouverts dans un arrangement nouveau. Nous retrouvons aussi ses propres compositions, où elle nous parle des légendes, des mythes et des rites magiques qui font partie de la mémoire du peuple sarde, et nous donne à explorer une recherche musicale qui vise à mettre en évidence l’aspect narratif des textes.

Marina Pittau sera accompagnée de deux musiciens sardes ancrés dans la tradition, le polyinstrumentiste Orlando Mascia, joueur de launeddas, clarinette triple constituée de trois tubes de roseau, sulittu, petite flûte de berger, guimbarde et accordéon diatonique et l’accordéoniste Bruno Camedda, ainsi que du guitariste Massimo Cossu, qui vient de rejoindre le groupe. Tous les quatre sont acteurs de la vitalité musicale de l’île.