Mame Khan est issu d’une dynastie de quinze générations de musiciens. C’est dire que son clan de maîtres du chant indien a eu le temps de perfectionner son art et lui a transmis par l’intermédiaire de son père et gourou, le grand et regretté Shri Rana Khan, la force mentale et la virtuosité vocale nécessaires pour interpréter subtilement la tradition chantée de son Rajasthan natal.
Il chante un répertoire considérable de musiques profanes et de textes soufis, faits pour toutes les occasions de la vie, notamment les réjouissances des fiançailles, les célébrations de mariages et les baptêmes, et perpétue le genre traditionnel appelé jangra, à la scénographie colorée, propre à la caste de musiciens dont il est issu, celle des Manganiyars, une caste musulmane mais également marquée par l’hindouisme de la caste descendant de Kshatriya. Un patrimoine multiple qui ouvre depuis des années à Mame Khan les portes des scènes du monde : Afrique, Asie, Amérique, Europe, monde arabe, où sa voix, qui vibre et émeut, captive les auditoires. Pétri par un art religieux et chevaleresque médiéval, Mame Khan excelle aussi bien dans les traditions mystiques et séculaires du désert du Rajasthan que dans les mélodies savantes prisées dans les jardins et salons des maharadjas. Mame, comme tout Manganiyar, chante les louanges des grands saints soufis et du dieu Krishna.
Un syncrétisme populaire qu’il vient présenter à l’IMA avec quatre musiciens et chanteurs accompagnés par la gracieuse Leela Devi exécutant les danses les plus authentiques du Rajasthan, berceau mythique de musiques nomades courant la planète depuis des siècles.