
En Inde, la danse et la musique sont au service des dieux. Les compositions chantent la gloire des rois, des dieux et des héros. Dans la cour des rois, les musiciens se rencontrent et s’échangent et mélangent leurs trésors respectifs. Raghunath Manet est resté fidèle à cette précieuse tradition, en multipliant les rencontres et les expériences fusionnelles. Ce fut le cas, entre autres, avec Didier Lockwood, Michel Portal, Archie Shepp ou Carolyn Carlson et ça l’est, cette fois, avec le fabuleux violoniste tunisien, Jasser Haj Youssef.
Loin des tendances « folklorisantes », le style de ces deux musiciens, issus d’horizons différents, s’inscrit dans une esthétique de musique où prime le croisement des genres traditionnels. Le répertoire du spectacle est composé de morceaux festifs, de chants dévotionnels, ainsi que de la danse extrêmement rythmée dans laquelle Raghunath exprime toutes leurs qualités de maîtrise des techniques du bharata nåtyam, danse de l’Inde du sud, d’ordinaire jouée exclusivement par des femmes, avec un sens du rythme exceptionnel et un bonheur de danser très communicatif.
Manet fait résonner le son de ses grelots attachés aux chevilles avec le son du violon de Jasser et les cadences sophistiquées du percussionniste indien Murugan. Avec beaucoup de grâce dans la gestuelle, il nous dévoile tout un patrimoine de la période Taj Mahal : des danses somptueuses et des compositions lyriques. Il recrée et réactualise cet art millénaire de danse sacrée qui a tant fasciné les rois moghols. Rares sont les artistes qui mènent de front avec autant de maestria une carrière de danseur et de musicien (il maîtrise excellemment la veena, luth ancien du sud de l’Inde). Raghunath Manet en est l’un d’eux.
Originaire de Pondichéry, il tenu pour l’un des plus grands artistes indiens au monde. Au zénith de son art, ce maître de sensualité et de précision interprète le Bharata Najam, Couronné par la critique indienne, cet ambassadeur des arts traditionnels incarne à lui seul la forme masculine de cette danse en rappelant qu’à l’origine, le Dieu Shiva est le premier danseur, le Roi de la danse.