Terminé
15 juin 2005

Mélodies du Djurdjura

Avec Idir

Depuis sa révélation par la chanson A Vava Inouva, premier tube international africain (avec le Soul Makossa de Manu Dibango), Idir poursuit une carrière exemplaire qui lui vaut à la fois le respect de ses pairs et celui de son public, très large. Au cours de l’enregistrement d’une émission spéciale, consacrée par France 2 à Zinedine Zidane, un témoin nous a raconté que le héros de la coupe du monde 1998, que personne ne pouvait approcher, s’est levé soudainement quand Idir, un de ses invités, est apparu. Zizou est venu humblement à sa rencontre et l’a salué chaleureusement en le qualifiant de « grand Monsieur ». L’ancien meneur de jeu des bleus, ainsi que K-Mel d’Alliance Ethnik, Rim’K du groupe 113, Khaled, Cheb Mami et bien d’autres, ont été bercés par A Vava Inouva. Ce titre, enregistré en 1973 et adapté en dix-sept langues, a propulsé son créateur sur le devant de la scène internationale. Inspiré par un conte kabyle et interprété sur fond de guitares acoustiques, en duo avec la chanteuse Zahra, A Vava Inouva (Mon petit papa) offre toutes les caractéristiques de l'innocence : une jeune fille rendant visite à son père cloîtré dans une cabane au milieu de la forêt, un paysage enneigé et une maisonnée qui ronronne. Tout est calme si ce n'est qu'un ogre rôde à l'extérieur. La parabole a été bien comprise par les défenseurs de la démocratie et de la culture amazighe (berbère) et bien reçue par les radios françaises où, sur les antennes d’Europe 1 et RTL, elle s'était classée au sommet de leur hit-parade respectif.
Quand on écoute le morceau, dans sa nouvelle version, en duo avec la chanteuse Karen Matheson, on retrouve la même émotion et les mêmes sensations du début. Idir, chanteur discret et à l'opposé du starsystème, est souvent à la noce : Cheb Mami a repris un de ses plus grands succès, Azwaw (Au pays des merveilles), que l'on a entendu sur toutes les ondes et Khaled a fait une reprise d'un autre titre, très dansant, Zwits Rwits (Eclate-toi). De son côté, la force tranquille et le précurseur de la chanson moderne maghrébine avait réalisé, en l’an 2000, un album, Identités (Saint George/Sony), son quatrième dans l'ordre chronologique et double disque d’or quelques mois après sa sortie. Idir, plus présent sur les scènes et dans tous les concerts de soutien à de bonnes causes, est avare « discographiquement » mais il a toujours prêté sa voix et ses arrangements à d'autres artistes. Très sollicité, il fait figure de rassembleur, de confident, d'ami et de grand frère. Cela lui a permis de traverser, avec sa voix douce et légèrement cassée et un répertoire souvent repris en chœur par le public, toutes les générations. Ses représentations, où toutes les tranches d'âge, mais aussi les nationalités, se bousculent en témoignent. Hors mode et encore et toujours à la mode.

R.M.