Un luth et un homme, Naseer Shamma, et nous voilà plongés dans un voyage musical. Des images affluent, des souvenirs affleurent, et l’imaginaire nous transporte dans un périple à mille et une destinations. C’est ce que Naseer Shamma, grâce à son agilité et son aisance exceptionnelles, arrive à recréer à l’aide de son fidèle compagnon, l’oud (« bâton » ou « bois » en arabe), instrument dont l’origine remonterait à 2350 avant J.-C. Doté d’une exceptionnelle technique dans la précision de son jeu, alimenté par une grande liberté artistique, Naseer a introduit sa touche personnelle dans le jeu traditionnel du maqâm.
Ses recherches et sa curiosité ont ainsi abouti à des découvertes dans le domaine musical, notamment en développant une technique de jeu du luth à une main (pour les personnes handicapées), mais aussi en concevant un luth à huit cordes, une idée qui avait germé un millénaire plus tôt dans l’esprit du théoricien de la musique al-Farâbî. Grâce à cet instrument, le joueur peut en effet obtenir quatre octaves, correspondant aux quatre tessitures de la voix : basse, baryton, alto, soprano. Aujourd’hui installé en Egypte, Naseer Shamma met son talent au service de collaborations scéniques, de bandes-son de films, de pièces de théâtre et de feuilletons. Il y a fondé et dirige aujourd’hui une école de musique prestigieuse, Bayt al-oud (la Maison du luth), exclusivement dévolue à l’enseignement du luth.
C’est en Irak qu’a débuté sa carrière, lorsque à l’âge de 23 ans, en 1986, le jeune virtuose décroche le diplôme de l’Institut d’études musicales de Bagdad. Suivront de nombreuses autres distinctions qui continuent d’émailler son parcours de musicien et de compositeur, confortant la reconnaissance de publics de plus en plus variés, aux quatre coins du monde, acquis par sa capacité à susciter l’émotion. Ses compositions musicales originales et lyriques sont issues des tragédies et des réalités de sa région natale. Né à al-Kut, une localité située au sud de l’Irak, Naseer puise son inspiration dans l’amour qu’il porte à son pays, malgré l’éloignement et l’exil. Sont art est aussi empreint de vibrants hommages aux grands maîtres de la musique arabe, tels que Mawsilî, Ziryâb et al-Farâbî. Naseer nous racontera ses histoires, celles que souffle le souvenir d’une douce brise d’une nuit calme à Bagdad…
D’après Habib Yammine