Publiée en 1974 à Bagdad, puis rééditée en 1980 à Alger, cette nouvelle de l’écrivain algérien Tahar Ouettar se situe à la limite du fantastique, mais au cœur même du débat de société. L’histoire commence par l’annonce du retour des martyrs de la guerre de libération nationale. Un homme voit en rêve le retour de tous ceux qui sont morts au combat. À leur tête, il reconnaît son propre fils. Il sort de son sommeil et, porté par ce bonheur inespéré, part annoncer la nouvelle à tout le village. Le rêve agit alors comme un révélateur et débusque, un à un, les mensonges érigés en système de pensée et de pouvoir. Ce rêve de fou que personne ne prend au sérieux, finit pourtant par réveiller les démons de l’invraisemblable. Et chacun de se positionner alors par rapport à cet événement devenu probable au regard des consciences. Une véritable mise à nu de la société algérienne confrontée à cette terrible dépossession : à l’immense espoir né de l’indépendance fait suite l’étouffement des libertés.
La pièce de théâtre que Ayad Ziani-Chérif avait créée en 1987, contribua pour beaucoup à populariser le texte de Tahar Ouattar et à accroître la notoriété de son auteur. À la veille des événements d’octobre 1988, cette première version fût d’ailleurs distinguée par le grand prix des Journées théâtrales de Carthage. Sa reprise dans le cadre de " Djazaïr, une année de l’Algérie en France " se distingue notamment par le recours généreux du metteur en scène aux formes d’expression populaires qui avaient cours dans la société traditionnelle : les gouals ou meddah qui écumaient les marchés et les places, les halqas, le récit sous forme de chant. Cette démarche créative a en outre le mérite " d’actualiser " la question encore sensible de la mémoire dans une société marquée par de nombreuses épreuves.
Adaptation : M’Hamed Benguettaf
Mise en scène : Ayad Ziani-Cherif
Assistant mise en scène : Mustapha Chougrani
Collaboration artistique : Nacera Belaza
Scénographie : Karim Sergoua
Costumes : Boukhari Zerrouki
Composition des chants : Cherif Kortbi
Effets sonores : Malik Illoul
Lumière : Eric Soyer
Interprètes : Sonia (Khedidja), Hamid Remas (El Manâa), Taha El Amiri (El Abed), Boualem Benani (Amara et Kaddour), Omar Ebdi (El Meissei et Bachir), Ali Djebare (Khelifa et Layachi), Djamel Guermi (Ali), Kamel Zerara (Sebti), Mohamed Abbes (Mustapha et Hocine), Mahfoud El Hanani (l’ouvrier et Tahar)
Percussion : Abdelkader Kherbache
Technique : Merrah Belabbes (régisseur général), Sid Ali Layachi et Yahiaoui Chaker (lumières), Mohssen Amamra (son)
Tahar OUETTAR
Journaliste et romancier, Tahar Ouattar est né en 1936 dans le petit village de M’daourouch entre Annaba et Tebessa. Ses études le mènent à l’institut Ben Badis de Constantine, puis à la Zitouna de Tunis en 1954. Un an plus tard, il commence à publier des nouvelles dans les journaux, l’une d’elle donne naissance à un film. Dès lors, il ne dissocie plus jamais son travail d’homme de lettres de son engagement politique : il s’attache à décrire le réel dans toute sa complexité, ne négligeant aucun aspect de la société. Mû par la force de ses convictions, il alterne avec aisance les registres réaliste et symbolique.