Les folles années du raï avec Boutaïba S’ghir et Houari Benchenet (raï)
Orchestre sous la direction d’Amine Dahane
Le raï-glamour de Benchenet
Le plus discret des chanteurs raï est né le 25 mai 1960 à Oran au sein d’une famille aussi modeste que nombreuse. Influencé par Blaoui Houari, Ahmed Wahby, Ahmed Saber et Ben Zerga, les grands ténors de la chanson oranaise, annonciateurs du raï moderne, Houari Benchenet a débuté en 1975, à l’âge de 15 ans. L’ancien élève du collège d’enseignement moyen Ibn Khaldoun, spécialiste dans le « civil » de la construction métallique, a tout d’abord testé ses qualités de musicien et d’interprète auprès de ses copains du quartier du Plateau, avant de se lancer à corps perdu dans l’animation des fêtes de mariages et de circoncisions. Ses attitudes scéniques et son jeu d’orgue subtil sont appréciés et lui font décrocher un bon nombre de contrats. En 1977, il est remarqué au cours d’une soirée par Belkacem Bouteldja, dit « Kacimo », la star absolue du pop-raï de l’époque, qui le laisse chanter de temps en temps à sa place. La voix claire et douce de Benchenet surprend agréablement et conquiert l’auditoire et lui vaut d’être repéré par Abdelkader Kassidy, pionnier de la production, qui lui fait enregistrer sa première cassette, dont le titre-phare Dellali maâwla aâla Paris (Ma chérie s’est entichée de Paris) obtient un vif succès. Propulsé ainsi sur les devants de la scène, Houari, qui ne s’est jamais encombré de la particule « cheb », se met à écrire ses propres chansons dont la plupart seront pillées par ses concurrents directs. En 1980, il forme avec les Khaled, Mami, Sahraoui et Fadéla la nouvelle génération raï électrique et aligne les tubes (El Bahr, Mazalti Sghira, ou Bini ou Binek). Fin mélodiste et auteur de superbes ballades, il est le créateur initial du raï-love que le regretté Cheb Hasni saura transformer en genre à part entière.
Boutaïba S’ghir, une légende du raï premier
En 1992, via le titre Didi, interprété par un Khaled plus mature, le raï sort de ses enclaves communautaires pour entrer dans les discothèques françaises, puis internationales.
Cette consécration mondiale lui a octroyé l’enviable statut de courant musical à part entière, au même titre que la funk, le blues, le rap ou le reggae.
Aujourd’hui, le raï reste encore personnifié par quelques stars de poids Mais il ne faut pas pour autant oublier les aînés sans lesquels le style oranais n’aurait jamais dépassé les limites régionales. Les Khaled, Fadéla et autres Bilal sont redevables à Boutaïba S’ghir, un des créateurs de nombreux tubes encore repris actuellement par de grands noms de la chanson raï, à l’exemple de Ya Zghida, devenu, avec Raïna Raï, Ya Zina.
De son vrai nom Mohamed Affif, il est né le 4 juin 1945 à Aïn-Temouchent (Oranie), ville magnifique et cité de grands poètes de la tradition bédouine oranaise. Il demeure l’une des figures emblématiques d’un genre, influencé par les Cheikhs et les Cheikhates au niveau textes, qui a grandi entre bitume et béton, donc touché par la grâce urbaine.