Voici ce que dit le prodigieux joueur égyptien de oud Mohamed Abozekry au sujet de sa nouvelle création, qui sera présentée pour la première fois à l’IMA : « Signifiant littéralement “fleur d’Hibiscus”, Karkadé désigne également une boisson que l’on trouve un peu partout en Égypte. C’est aussi le nom d’un restaurant égyptien à Grenoble, chez Mahmoud, où j'ai rencontré ma seconde famille. En effet, quand je suis arrivé en France il y a près de six ans, Mahmoud fut mon repère et comme un deuxième père. C’est avec lui que j’ai revisité et redécouvert ma culture natale : de la poésie à la musique, en passant par quelques bouquins à droite à gauche et en dansant tous les soirs sur les magnifiques enregistrementsde Cheikh Ahmad Al-Tuni. Voilà la raison qui m'a poussé à vouloir monter ce projet, auquel je pensais depuis trois ans déjà : un retour aux sources égyptiennes à travers plusieurs écoles musicales s’inspirant les unes des autres ».
Karkadé se déclinera en trois volets. Le premier se penche sur la musique classique, essentiellement développée au Caire, au nord du pays. Elle sera illustrée par un samai rast qu’il a spécialement composé, basé sur un jeu rythmique et mélodique proche des musiques de sultans. Le deuxième aborde la musique soufie qui s'est installée dans le sud de l’Égypte (El Saʿid). C’est une déclaration d'amour à Cheikh Ahmad Al-Tuni, une recherche des tourneries de derviches qui ne s'arrêtent jamais, sur une basse en peau de dehola ou de percussion dôf. Enfin, avec la complicité de ses musiciens, il conclura avec les mélodies populaires du XXe siècle, qui rythment la vie paysanne égyptienne, tout au long des berges du Nil.