Terminé
28 mars29 mars 2003

La Kabylie en fête

En kabyle, fête se dit tameghra ou, lorsqu'on évoque une atmosphère de liesse, "fichta". Dans cette région montagneuse, arboricole (figuiers et oliviers essentiellement) et farouchement attachée à son identité amazigh (berbère),
son identité amazigh (berbère), située dans le nord-est de l'Algérie, la musique et la danse sont à la fois une évasion, un moment de répit dans le déroulement de la vie quotidienne, un divertissement pour alléger le fardeau des travaux et des jours et une prise de conscience de la réalité immédiate.
L'expression corporelle et les chants, souvent bâtis autour de textes à la poésie très subtile et métaphorique, sont autant d'images en parfaite harmonie avec les paysages kabyles marqués par ce gris lumineux du ciel aux abords de la mer lorsque s'y fondent les reflets des neiges du Djurdjura. L'ensemble formant un beau miroir, légèrement embué, où les silhouettes de chaque village haut perché se rejoignent dans la même tonalité sobre, riche en couleurs, fine trame tamisant le soleil comme cette fuda (pièce de tissu) à rayures rouges et jaunes, nouée autour des reins des femmes, qui confère à tout l'environnement la même nuance et la même grâce. C'est aussi cette fuda, en surimpression sur la taqendurt (robe locale), que l'on remarque le plus lors des fêtes. En Kabylie, la danse se pratique surtout à l'occasion des saisons de mariages et de circoncisions, du muwsem (fête religieuse) ou de la fin de la cueillette des olives. Mais en fait, tout est prétexte à un déhanchement frénétique : naissances, réussite scolaire, obtention d'un emploi, retour d'exil...
D’après Djamila Henni-Chebra et Christian Poché, «la danse kabyle est considérée comme l'une des plus difficiles à exécuter». Elle est également originale et se traduit par un mouvement continuel et très vif des hanches, du ventre et des fesses, sur fond de rythme en 6/8 ou sur le mode berwali chez les citadins. Lorsque la danseuse n'arrive pas à obtenir ce tremblement fiévreux des hanches, elle ceint celles-ci d'un foulard puis, «afin d'accentuer les secousses, elle ponctue d'un à-coup chaque fin de strophe en fléchissant le genou». L’ensemble Da L’Mouloud de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande- Kabylie, en est la plus parfaite des illustrations, sans «folklorisme» aucun.