Terminé
06 juin 2003

« Ivresses »

Ivresses est une nouvelle création musicale de Aïcha Redouane et de Habib Yammine sur le célèbre poème mystique Al-Khamriyya ou L’éloge du vin, du célèbre poète soufi égyptien Ibn al-Fârid (1181-1235). Le vin, l’enivrement, la vigne, la coupe, les jarres, la taverne, les convives, le commensal... prennent chez Ibn al-Fârid un sens symbolique proche de l’amour sacré. Le vin, par exemple, est la métaphore de la connaissance que Dieu a infusée dans l’âme des Soufis ; il s’agit de l’amour divin éternel, qui apparaît dans les manifestations de la création. La coupe, quant à elle, représente l’homme parfait. La taverne, où se trouvent les compagnons de la quête mystique, peut signifier le monde entier ou la manifestation de l’Absolu. Ivresses est une création ascendante, l’exploration d’un univers de jardins « maqâmiens » qui emprunterait le sentier de la poésie. Le maqâm, originaire d’Irak, est une composition ouverte à l’improvisation, où le poème -classique ou populaire- est l’élément principal. L’ouverture du programme est consacrée aux muwashshahât, des chants arabo-andalous d’Orient célébrant eux aussi le vin, sous une forme plutôt légère. Le maqâm invite au voyage… Entre jeux d’improvisation, libre ou mesurée, et compositions, la Khamriyya, pièce centrale de cette œuvre, est une révélation de nouvelles formes musicales où se mêlent audacieusement fantaisie et rigueur, tradition et liberté.Toutes ces formes d’expression vocale, en alliant simple récitation, psalmodie, lyrisme et ornementation, sont des arguments au service du sens. Aïcha Redouane et Habib Yammine ont fondé l’ensemble Al-Adwâr, une formation instrumentale classique appelée traditionnellement au Proche-Orient, takht sharqî. Il accompagne le chant et interprète le répertoire instrumental du maqâm. C’est dans la lignée des cheikhs de la Nahda (renaissance arabe), que Al-Adwâr réveille et perpétue cette grande tradition sur les scènes internationales actuelles. Ainsi, Aïcha Redouane et Habib Yammine regroupent autour d’eux plusieurs instrumentistes de talent : Salah El Din Mohammed, joueur de qânûn (cithare sur table), Tammam Akkari, luthiste, et Nabil Abdmouleh, joueur de nây (flûte).