L’un vient de Dakhla et l’autre est issu de Laâyoune. Le premier, Cherif Souilam, né en 1987, a été initié au madh (les panégyriques) par sa grand-mère Oum El Khir Benallal, elle-même chanteuse. Dès son jeune âge, Souilam a pris l’habitude de côtoyer les cercles des meddahin (les chantres traditionnels). Le développement et la création de nombreux festivals au Maroc lui permettent de se produire en public, révélant son talent, dès 2009, à Dakhla, Laâyoune ou Tanger. Intégrant ensuite la filière professionnelle, tout en continuant à animer des soirées à Dakhla, il participe à d’autres événements culturels, notamment au festival de Benguérir, à Safi ou encore au Théâtre national Mohamed V.
Personnage étonnant, Souilam fait preuve, malgré son jeune âge, d’une grande connaissance du répertoire sacré et a su s’entourer de jeunes musiciens talentueux, jouant de la tidinit (petit luth maure) et du tbal (petite timbale), et de deux voix féminines faisant chœur.
Le second, Mohamed Baaiya, est l’une des plus belles voix du répertoire sacré au Maroc saharien. Ce chanteur de talent descend d’une famille qui s’est transmis le madh de père en fils, selon une chaîne ininterrompue depuis des siècles. Baaiya est venu donc naturellement à la musique qui faisait partie de son environnement familial et familier. Il n’a cessé d’apprendre et de répéter de longs poèmes rimés avec une forte densité sémantique, aidé par sa voix feutrée au caractère parfois enjoué mais souvent tragique.
Ces dernières années, il s’est attaqué avec bonheur au répertoire profane usant des mêmes modes et des mêmes rythmes qu’il connaissait déjà dans le madh. Son amour pour la poésie aidant, il a su se distinguer par le choix judicieux de ses thèmes, dans le respect des correspondances établies par les grands maîtres. (d’après Ahmed Aydoun)