Terminé
29 novembre 2014

Hors les murs, Une femme à bord du melhoun

avec Touria Hadraoui et ses musiciens

On connait le refrain : ce que femme veut, la tradition ne le veut pas toujours. Et quand il s’agit d’un genre poétique, vieux de cinq siècles au moins, comme le melhoun, d’inspiration et d’obédience exclusivement masculine, la mission est quasiment impossible. Perpétué jalousement par des compagnons artisans, le melhoun reste soigneusement calfeutré dans les arrière-boutiques. Une femme ne l’entendait pas de cette oreille et forte de ses convictions, elle s’est introduite avec subtilité dans ce cercle des poètes disparus.

Née en 1957 à Casablanca, Touria Hadraoui passe son bac, d’abord puis entre à l’université où elle poursuit ses études jusqu’à terme. Le cœur battant à gauche, elle préfère la musique à la routine du fonctionnariat et elle, qui entonnait du Oum Kalsoum, du Cheikh Imam ou du Marcel Khalifé, ne pouvait que fonder un groupe dénommé Echou’la, c’est-à-dire la flamme, comme celle qui caractérise tout son parcours. Féministe lucide, elle tâte ensuite du journalisme au sein de Kalima (La parole), revue socio-culturelle, créée en 1986, qui captivera un lectorat à penchants modernistes jusqu’à son interdiction en 1989.
Désœuvrée, Touria se plonge dans la lecture et découvre Fatima, un texte de melhoun datant du XIXe siècle et sublimant une bien-aimée. Son destin est désormais tout tracé et il ne lui reste plus qu’à trouver un maître pour l’initiation. Il apparaitra sous les traits d’El Hadj Benmoussa qu’elle séduit par sa voix et sa farouche volonté. Au bout de trois années de travail intensif, elle se produit devant un public immédiatement charmé. Encouragée, Touria grave successivement trois enregistrements, tous des succès, qui lui valurent ce beau compliment : « C’est une illumination ». L’admirateur se nommait Mahmoud Darwich.
Lors de l’une de ses plus récentes prestations, en avril 2014 à Rabat, où elle avait, à nouveau, sublimé le melhoun, le journal La Vie éco avait souligné : « Lorsqu’on s’étonne de l’engouement de cette femme, au passé féministe et militant, pour cet art foncièrement masculin, sa voix claire et pure nous déchiffre de ces sublimes poèmes porteurs de modernisme et de nouveauté, parfois de subversion ».

Dimanche 30 novembre à 16h (6€/5€/3€) : Rencontre avec Touria Hadraoui illustrée de documents audiovisuels pour découvrir son univers artistique et la tradition du melhoun.

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